Cinq romans, deux récits dont un de voyage, un beau livre, une anthologie… Voici les brèves critiques de neuf ouvrages notables en cette treizième semaine de l’année.

Récit. « L’Epoux », de Patrick Autréaux

De quelle noce est-il question dans L’Epoux, de Patrick Autréaux ? De celle qui l’unit à l’homme qu’il aime, mais aussi au judaïsme de ce dernier. L’auteur, qui a baigné dans la culture chrétienne, se dit « rétif à toute conversion », mais sa quête fait fi des interdits : « Même imprégné d’un relativisme culturel méfiant, je fais brûler des cierges au multiple de l’universel. » Pour lui, la littérature s’est substituée à l’idéal religieux. « Lire est une manière d’aimer. Et de transformer sans l’anéantir ce à quoi on n’arrive plus à croire. » Retraçant son histoire et ses interrogations intimes, Patrick Autréaux revendique sa déconstruction et livre sa méthode : « Une intransigeance qui ne juge pas et aime, voilà la grâce ! » Il met ainsi au jour des désirs discordants qui permettent de « rattacher nos gouffres à ceux d’un autre ». La « communauté des effondrés » qui se forme alors se révèle d’une générosité universelle. Ph-J. C.

« L’Epoux. Constat », de Patrick Autréaux, Gallimard, « Sygne », 208 p., 20 €, numérique 15 €.

Récit de voyage. « Périple espagnol », de Karel Capek

C’est le récit plein de charme d’un Tchèque découvrant l’Espagne. En 1929, grâce aux « pullmans qui bondissent à des vitesses étourdissantes », l’écrivain et dramaturge Karel Capek (1890-1938) accomplit un périple qui le mène du Prado, à Madrid – Ah ! Goya, « ses cris furieux de résistance et d’exécration ! » – à la Giralda de Séville, « minaret mauresque et ses cloches chrétiennes », en passant par une corrida qui l’horrifie et l’envoûte en même temps. Tous les amateurs d’« écriture de voyage » (et ceux qui voudraient la pratiquer) devraient lire ce texte qui s’offre comme une leçon d’observation, de verve et de style. Un éloge aussi de cette Europe mosaïque, ce beau manteau d’Arlequin, que Capek appelle (déjà) à former une société de nations : mais « bon sang ! que ce soient des nations avec tout ce qui leur appartient en propre », chacune avec ses traditions, sa langue et « son pelage » différent. Fl. N.

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