Le 8 novembre, Nicolas Sarkozy a fait resurgir une vieille caricature : « Le statut de professeur des écoles, (…) c’est vingt-quatre heures par semaine » et « six mois de l’année », a lancé l’ancien président de la République lors d’une conférence à Saint-Raphaël (Var). La déclaration a été condamnée par plusieurs élus de gauche et du Mouvement démocrate (MoDem) ainsi que par Luc Ferry, ancien ministre de l’éducation nationale du gouvernement Raffarin (2002-2004). Elle n’en rappelle pas moins la persistance, dans une partie de l’opinion, d’une vision dépréciée du métier d’enseignant aux conséquences lourdes pour une profession en crise.

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La charge de l’ancien chef de l’Etat n’a fait réagir la ministre de l’éducation nationale, Anne Genetet, que quatre jours après. Interrogée par des journalistes, elle a finalement assuré ses agents de son soutien ferme et voulu « remettre les pendules à l’heure ». En rétorquant qu’elle n’était « pas d’accord » avec l’ancien président, elle a cependant placé sur le plan de l’opinion une position qui relève surtout de faits étudiés et objectivés.

S’il est évidemment pertinent de s’interroger sur le fonctionnement du système éducatif et sur l’organisation du temps scolaire, on ne peut le faire en ignorant l’alourdissement, largement documenté, de la charge de travail depuis vingt ans. Les enseignants français sont parmi ceux qui effectuent le plus d’heures d’enseignement annuelles au sein de l’Union européenne, surtout à l’école élémentaire. Si l’on ajoute les tâches en dehors de la classe, la moitié des enseignants travaille au moins 43 heures par semaine et 34 jours durant les congés scolaires, selon les enquêtes du ministère de l’éducation nationale.

Idées fausses

Certains pays européens imposent, il est vrai, aux professeurs un temps de présence additionnel au sein de leur établissement. Ce n’est pas le choix qu’a fait la France, qui n’en a pas les moyens : cela supposerait de mettre à disposition de tous les enseignants des espaces et du matériel de travail dont ils sont dépourvus. Le temps en dehors de la classe est ainsi une boîte noire impossible à contrôler, où la logique comptable est inadaptée pour un travail par nature diffus, imbriqué dans la vie et l’espace privés.

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Pour tous ceux qui n’expérimentent pas au quotidien la face cachée du métier, il est aisé d’instiller le doute. D’autant que les enseignants sont nombreux, plus de 850 000 − l’éducation nationale est le plus gros employeur d’Europe −, payés par l’argent public, sur lequel chacun revendique un droit de regard, et extrêmement visibles − chaque citoyen les a côtoyés en tant qu’usager −, rendant probables des mauvaises expériences qui, parfois, nourrissent les idées fausses.

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