Depuis qu’il est protégé, le castor retrouve sa place dans les campagnes françaises.
Un retour qui désole parfois les agriculteurs et les habitants qui vivent à proximité.
Mais une excellente nouvelle pour la biodiversité.

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Le 20H

Dans la Meuse, des céréaliers sont excédés de voir leurs cultures inondées, alors que dans les Ardennes, les habitants d’un village ne peuvent que constater les dégâts. « En très peu de temps, une semaine, un pommier est tombé, mangé par les castors », montre une femme dans le reportage du 20H de TF1 visible en tête de cet article. Le castor d’Europe, le plus grand du continent, est la cause de leurs tourments

À Sivry-sur-Meuse (Meuse), un petit-bois est traversé par un ruisseau qui a été colonisé par les castors. Ils commencent d’abord par installer des barrages. « Ce que cherche le castor, c’est à avoir de l’eau pour pouvoir se déplacer, il ne sait pas se déplacer sur terre. Et comme ça, il n’a pas peur des prédateurs », détaille Jean-Luc Collignon, adjoint au maire de la commune.

À voir la quantité de bois qu’un seul castor est capable de couper et de déplacer en une nuit, on comprend l’inquiétude des agriculteurs. Car une fois freinée par les barrages, l’eau des ruisseaux inonde les champs avoisinant, entraînant de lourdes pertes au moment des moissons.

Christian et Karine Renaudin, exploitants céréaliers, ont « déjà perdu plus de 35.000 euros de récoltes depuis trois ans ». Mais ils n’ont obtenu aucune indemnisation ni autorisation de piéger les castors, car l’animal est protégé depuis 1909. 

Détruire les barrages de castors, une pratique hors-la-loi

« C’est le premier mammifère qui a été protégé en France. On l’a beaucoup chassé par le passé, on a consommé sa viande, on a utilisé sa fourrure. On était vraiment à deux doigts de l’extinction », rappelle Cédric Marula, agent de l’Office français de la biodiversité (OFB), chargé de veiller à la protection du castor. En quinze ans, il a recensé la présence de l’animal dans 130 communes de la Meuse. Le castor est donc bien installé, et il sera difficile de s’en débarrasser.

« Le risque principal, c’est qu’on va déplacer des animaux mais on n’aura pas une solution pérenne puisqu’il est très probable que le site sera de nouveau colonisé. S’il l’a été une fois, il le sera très certainement à nouveau », poursuit le spécialiste.

Il faut donc essayer de s’adapter en installant, par exemple, des siphons pour évacuer l’eau. Mais cela ne fonctionne pas toujours. 

Les habitants de Thilay, dans les Ardennes, ont dû se mettre hors-la-loi en détruisant eux-mêmes un barrage de castors. « Sinon on est dans l’eau, inondés tout le temps, ça ne va pas », justifie Michel Thomé, un habitant. « Mais la loi, c’est 70.000 euros d’amende et trois ans de prison », souligne-t-il. 

Le castor serait-il devenu nuisible ? « Quand il construit un barrage, il crée une zone humide, et cela foisonne ensuite de vie (oiseaux, insectes…). Ça ne fait qu’enrichir la biodiversité », développe Philippe Jonvaux, du groupe d’études des mammifères de Lorraine (GEML).

Contrairement au raton-laveur ou au ragondin, venus des Amériques, le castor, lui, retrouve seulement la place qui était la sienne avant sa quasi-extermination en Europe.


La rédaction de TF1info | Reportage TF1 : V. Dietsch, V. Ruckly

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