En 1993, un consultant en communication eut une idée : lancer une chasse au trésor dans toute la France, La Chouette d’or. Le gain était un volatile d’or et d’argent que le « chouetteur » obtenait en découvrant sa copie en bronze enfouie quelque part en France. Le 3 octobre, clap de fin sur cette quête de plus de trois décennies : la Chouette a été découverte, mais le lieu autant que le gagnant demeurent secrets. Au printemps 2025, le mystère prendra fin lors du lancement d’une nouvelle chasse.

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Le concept a tellement séduit que le parc d’attractions du Puy du Fou, à sa sauce et en mode business, lance sa propre chasse au trésor, « quelque part dans le royaume de France ou peut-être même dans un royaume qui fut autrefois lié à la France par le lignage ». Le site Web du parc promet qu’elle sera « la plus épique du monde ! » Et pour cause, c’est une épée qui en sera l’enjeu, celle du roi Arthur, « Exkalibur » (sic), un « trésor d’orfèvrerie » made in France.

C’est sympa une chasse au trésor. C’est un jeu familial et collectif, une activité des goûters d’anniversaire pour enfants, ça éveille la curiosité et fait travailler les petites cellules grises. Alors pourquoi, là, alerter et s’alarmer ? Bien sûr, jouer à résoudre des énigmes, c’est amusant et innocent. Mais, quand le jeu se transforme en chasse géante et que le gain est enterré dans un espace qui n’a de bornes que les frontières d’un pays (ou plus ?), c’est une autre histoire.

Notre passé est en partie enfoui dans le sol, partout, à faible ou grande profondeur, sous la forme de traces fugaces autant que monumentales. Ces témoins matériels permettent d’approcher des vies disparues et de tenter de les comprendre, dès lors que ce sont des professionnels qui les observent. Cette enquête porte un nom, « archéologie », et c’est une science.

« Loisir » de détection

Lorsque La Chouette d’or a été lancée, elle était en pleine mutation, le cadre de sa pratique en construction, et l’archéologie préventive restait à inventer. Une loi était pourtant déjà en vigueur en France dont l’article-1 reste toujours d’actualité : « Nul ne peut effectuer sur un terrain lui appartenant ou appartenant à autrui des fouilles ou des sondages à l’effet de recherches de monuments ou d’objets pouvant intéresser la préhistoire, l’histoire, l’art ou l’archéologie, sans en avoir au préalable obtenu l’autorisation. »

Evidemment, cette chasse n’est pas une opération archéologique, mais, sous le couvert d’un jeu, on est en droit de s’inquiéter de toutes les explorations qui vont être effectuées en son nom, et qui seront autant de possibles destructions irrémédiables. Dans le meilleur des cas, de façon innocente et par simple ignorance. Au pire, en arguant de ces chasses pour pratiquer un « loisir » de détection.

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