Un grand rhinolophe, une espèce menacée en Picardie, photographié en 2023.

Le faisceau de la lampe de Louis Hue balaie la pénombre, révélant plusieurs petites masses brunes immobiles, suspendues par les pattes au toit de la grange. « Une, deux, trois » compte le naturaliste de l’association Picardie Nature. Une quatrième, réveillée par l’agitation, slalome entre les poutres, faisant crépiter le détecteur à ultrasons. « Ça, c’est un petit rhinolophe, on les reconnaît aux bruits d’extraterrestres qu’ils émettent pour se déplacer », précise-t-il.

Après une inspection complète de l’exploitation de Michel Gobron, à Sainte-Croix (Aisne), dix-huit chauves-souris sont recensées. Moins que la soixantaine aperçue lors de la dernière visite, effectuée début juillet, juste après la période des mises bas. « Je vais finir par devenir Batman », blague l’agriculteur. En plus de sa grange, laissée à l’abandon, qui sert d’abri à des mâles grands rhinolophes isolés et de maternité à une colonie de petits rhinolophes – deux espèces menacées dans la région, son grenier accueille une colonie de sérotines communes.

Les 80 hectares de M. Gobron (maïs, blé, orge et colza) font partie d’une trentaine de fermes où des gîtes ont été recensés dans le cadre du Plan d’action en faveur des chiroptères – le nom scientifique des chauves-souris – dans les Hauts-de-France. Une stratégie qui vise à freiner le déclin de plusieurs espèces, comme la noctule commune, dont les populations ont chuté de plus de 50 % entre 2006 et 2023, ou la pipistrelle commune, qui a perdu un quart de ses effectifs au cours de la même période.

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