Le blanc de la neige a tendance à se faire rare ces derniers temps, de sorte que l’hiver ressemble parfois à une interminable saison de grisaille. C’est pourquoi, lorsque le soleil ose enfin pointer le bout de son nez au printemps, l’or de ses rayons réveille non seulement le cœur endormi de la nature, mais aussi celui de l’homme. Le peintre en nous se met alors en mouvement, on attrape pinceaux et couleurs et filons au parc, avides de capturer l’éphémère beauté du moment.
Sous le soleil qui donne enfin sa mesure, l’étourneau est de retour, ses plumes miroitant d’un bleu presque irréel. Des papillons voltigent, ailes comme des vitraux, que jalouse le paon qui fait la roue pour attirer les filles… Rapidement, pourtant, la frustration monte, car quelle que soit la précision de notre mélange de pigments, impossible de reproduire sur la toile l’éclat et la pureté de certaines de ces couleurs naturelles.
Au soir venu, quand nous partageons notre dépit avec des amis scientifiques, on nous adresse un sourire plein de sympathie. « Tu sais, les couleurs les plus éblouissantes de la nature ne peuvent pas être peintes, parce qu’elles ne sont pas faites de pigments. » Puis, les physiciens ne manquant jamais une occasion de diffuser la connaissance (ce que leurs enfants appellent poliment des « explications non sollicitées »), on poursuit à notre intention : la plupart des teintes proviennent de l’utilisation de pigments, qui absorbent certaines parties de la lumière blanche du soleil (en réalité un mélange de toutes les couleurs). Le reste de la lumière, réfléchi, est perçu par notre œil comme une couleur.
Mais ce processus absorbe aussi une grande quantité de lumière et donc d’intensité, à l’inverse des couleurs les plus brillantes de la nature, qui ne dépendent pas de pigments. Celles-ci résultent de structures microscopiques présentes à la surface des objets qui dispersent et reflètent les rayons de lumière.
« Couleurs structurelles »
Il vous reste 51.66% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.