Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’exprime lors de la 4e Conférence internationale sur le financement du développement, à Séville, en Espagne, le 30 juin 2025.

Les coupes budgétaires drastiques dans l’aide internationale au développement effectuées par l’administration Trump pourraient entraîner plus de 14 millions de morts supplémentaires d’ici 2030 parmi les plus vulnérables, dont un tiers d’enfants, selon une projection publiée mardi 1er juillet dans The Lancet.

« Elles risquent d’interrompre brutalement, voire d’inverser, deux décennies de progrès pour la santé des populations vulnérables. Pour de nombreux pays à revenu faible ou intermédiaire, le choc qui en résulterait serait d’une ampleur comparable à celle d’une pandémie mondiale ou d’un conflit armé majeur », a commenté Davide Rasella, coauteur de l’étude et chercheur au Barcelona Institute for Global Health, cité dans un communiqué.

La publication de cette étude dans la prestigieuse revue médicale coïncide avec une conférence sur le financement du développement réunissant en Espagne des dirigeants du monde entier, les Etats-Unis figurant parmi les absents. Cette rencontre se tient dans un contexte particulièrement sombre pour l’aide au développement, touchée de plein fouet par la coupe massive du financement décidée par Donald Trump depuis son retour à la Maison Blanche en janvier.

Lire aussi | L’Ethiopie face aux coupes claires de l’administration Trump

Maladies évitables

En examinant les données de 133 pays, l’équipe internationale de chercheurs a estimé rétrospectivement que les programmes financés par l’Usaid ont permis d’éviter 91 millions de décès dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire entre 2001 et 2021.

Et, selon leur modélisation, la coupe de 83 % du financement américain − chiffre annoncé par le gouvernement début 2025 − pourrait entraîner plus de 14 millions de décès supplémentaires d’ici à 2030, dont plus de 4,5 millions d’enfants de moins de cinq ans, soit environ 700 000 décès d’enfants supplémentaires par an.

Car les programmes soutenus par l’Usaid ont été liés à une diminution de 15 % des décès, toutes causes confondues, ont calculé ces chercheurs. Pour les enfants de moins de cinq ans, la baisse des décès a été deux fois plus importante (32 %). L’impact le plus fort de cette aide a été observé pour des maladies évitables. La mortalité due au VIH/SIDA a ainsi été réduite de 74 %, celle du paludisme de 53 % et celle des maladies tropicales négligées de 51 % dans les pays bénéficiaires du niveau d’aide le plus élevé par rapport à ceux avec peu ou pas de financement de l’Usaid, selon l’étude.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Bill Gates : « Je ne peux pas compenser les coupes dans l’aide américaine »

Coupes budgétaires européennes

Autre source de préoccupation : d’autres donneurs internationaux majeurs, principalement Européens, comme l’Allemagne, la Grande-Bretagne ou la France, ont aussi annoncé des coupes dans leurs budgets d’aide étrangère dans le sillage des Etats-Unis. Cela risque d’« entraîner encore plus de décès dans les années à venir », a prévenu Caterina Monti, autre coautrice de l’étude chercheuse à l’ISGlobal.

Le Monde Mémorable

Testez votre culture générale avec la rédaction du « Monde »

Testez votre culture générale avec la rédaction du « Monde »

Découvrir

Une cinquantaine de chefs d’Etat et gouvernement − dont le président français Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen − participent à la conférence sur le financement du développement à Séville pendant quatre jours, aux côtés de 4 000 représentants de la société civile. « C’est le moment d’augmenter, pas de réduire » l’aide, a plaidé Davide Rasella.

Avant la taille dans son financement, l’Usaid représentait 0,3 % des dépenses fédérales américaines. « Les citoyens américains versent environ 17 cents par jour à l’Usaid, soit environ 64 dollars par an. Je pense que la plupart des gens soutiendraient le maintien du financement de l’Usaid s’ils savaient combien une si petite contribution peut être efficace pour sauver des millions de vies », a déclaré James Macinko, coauteur de l’étude et professeur à l’université de Californie (Ucla).

Écouter aussi Usaid : les conséquences dévastatrices de la fin de l’aide internationale américaine

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu
Partager
Exit mobile version