Les députés ont adopté l’instauration du repas à un euro pour tous les étudiants.
Une mesure proposée par le Parti socialiste, en désaccord avec le camp présidentiel.
Le Sénat doit maintenant se pencher sur le texte.

C’est une première victoire pour les députés socialistes. Leur proposition de loi visant à donner accès à tous les étudiants à des repas à un euro a été approuvée ce jeudi 23 octobre à une écrasante majorité par l’Assemblée nationale (nouvelle fenêtre). Les macronistes se sont largement abstenus, malgré leurs réticences.

36% des étudiants ont déjà sauté des repas par manque d’argent

149 députés, principalement issus de la gauche, du RN et du groupe centriste Liot, ont voté pour le texte porté par Fatiha Keloua Hachi, examiné en première lecture. Cinq ont voté contre (2 Ensemble pour la République, 3 Horizons). Il y a deux ans, une proposition de loi similaire avait été rejetée à une voix près, après que le camp présidentiel, hostile à la mesure, eut battu le rappel des troupes pour le vote final.

La proposition de loi étend à tous les étudiants les repas à un euro dans les restaurants et points de vente gérés par les Crous (Centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires), actuellement réservés aux étudiants boursiers et précaires. Une mesure dont le coût est estimé à 90 millions d’euros par an, selon la rapporteure.

Sur l’année universitaire 2023-2024, plus de 500.000 étudiants ont bénéficié de ces repas (sur un total de 2,965 millions d’étudiants en France), selon le ministère de l’Enseignement supérieur. L’exposé des motifs du texte rappelle que « 36% des étudiants déclarent avoir déjà sauté souvent ou de temps en temps des repas par manque d’argent », selon une enquête de l’Ifop datant d’octobre 2024.

Je crois en la justice d’un système où chacun contribue en fonction de ses moyens.

Philippe Baptiste, ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche

Si le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a reconnu qu’une « part grandissante » des étudiants ont recours à l’aide alimentaire ou sautent des repas « parfois pour des raisons financières », il s’est dit en désaccord avec la proposition de loi. « Je crois en la justice d’un système où chacun contribue en fonction de ses moyens », a-t-il affirmé, pointant aussi une « perte de recettes considérables » pour le réseau des Crous, estimé à 50 millions d’euros. Il a aussi souligné la nécessité de développer l’offre, alors qu’aujourd’hui « de trop nombreux étudiants renoncent à manger en raison de files d’attentes interminables ».

Cet argument, visant à réserver le dispositif aux plus fragiles, a été repris sur tous les bancs du socle commun, la gauche préférant évoquer la nécessité de favoriser l’émancipation des étudiants vis-à-vis de leur famille, et les « trous dans la raquette » dans le système des bourses.

Le Rassemblement national s’est prononcé pour la mesure, le député Bruno Clavet défendant en vain un amendement visant à réserver ces repas aux étudiants français.


Zoe SAMIN avec AFP

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