Le 19 août 1989, à l’occasion du « pique-nique paneuropéen », une manifestation organisée pour le démantèlement des frontières et une Europe unie, des centaines de citoyens de RDA en profitent pour fuir vers l’Ouest.

« Les Emotions de 1989. France et Allemagne face aux bouleversements du monde », d’Hélène Miard-Delacroix, Flammarion, « Au fil de l’histoire », 475 p., 25 €, numérique 17 €.

Trois décennies ont suffi pour qu’un livre sur les révolutions qui ont fait de l’année 1989, en Europe, l’un des pivots du XXe siècle finissant donne un sentiment d’irréalité, tant le temps qu’il explore paraît lointain, et comme l’inverse du nôtre. C’est d’ailleurs tout l’intérêt de la démarche suivie par l’historienne Hélène Miard-Delacroix dans Les Emotions de 1989 : faire l’histoire moins des événements, même si elle les restitue avec précision, que des affects qu’ils ont suscités – en l’occurrence, en Allemagne et en France –, pour mettre au jour un faisceau de croyances, de représentations, de projections vers l’avenir dont nous peinons aujourd’hui à nous souvenir.

1989, ce sont pourtant trois jalons essentiels de l’histoire mondiale. Au printemps, le peuple chinois se soulève contre le régime, dans des manifestations de masse qui paraissent faire vaciller le Parti communiste, avant les massacres des 3 et 4 juin sur la place Tiananmen et ailleurs – jusqu’à 10 000 morts selon certaines sources. Pendant l’été, les Allemands de l’Est se révoltent à leur tour, fuyant en masse la RDA, qui s’enfonce de plus en plus dans la déréliction économique et l’autoritarisme. Le 9 novembre, le mur de Berlin, emblème de la division du pays et de l’Europe tout entière, est mis à bas. Moins d’un an plus tard, en octobre 1990, la RDA cesse d’exister. Entre-temps, fin 1989, le régime de Nicolae Ceausescu est emporté par une révolution qui aura eu au moins cet effet concret : débarrasser la Roumanie de son tyran, exécuté avec sa femme le 25 décembre, quand bien même beaucoup de cadres du régime communiste vont rester en place.

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