La spectaculaire fuite à partir du groupe de discussion sur Signal dans lequel des hauts responsables de la politique étrangère américaine échangeaient sur les mérites d’une intervention militaire à venir contre les houthistes du Yémen révèle la teneur inquiétante des débats internes à l’administration Trump quant à son rôle dans le monde. Ce qui frappe, c’est moins que les Européens y soient décrits comme des profiteurs pathétiques que les considérations émises sur le rôle des Etats-Unis dans le système international.

Rappelons que l’Amérique y occupe une place à part : en tant que plus grande puissance, elle se trouve comptable, en dernier recours, de l’ordre mondial. L’historien et économiste américain Charles Kindleberger (1910-2003) avait formulé le premier la théorie de la stabilité hégémonique selon laquelle le système international est plus stable si une puissance dominante en garantit les règles et offre une part majeure des biens publics globaux nécessaires à son bon fonctionnement.

Quand la première puissance mondiale choisit de ne pas assumer ses responsabilités, les normes et les institutions du moment sont remises en cause par d’autres. C’était le cas dans les années 1930 quand les Etats-Unis, déjà de loin la première puissance, choisissaient l’isolationnisme, laissant le champ libre aux puissances dites révisionnistes, l’Allemagne et le Japon (qui envahirent leurs voisins, conduisant à la guerre mondiale), tandis que la Société des nations [SDN, ancêtre de l’Organisation des Nations unies (ONU)] était impuissante faute de leur appui, et que les barrières douanières, notamment américaines, transformaient les chocs boursiers en crises économiques.

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