A lire Nicolas Sarkozy, qui s’exprime sur quatre pages dans Le Journal du dimanche, après sa condamnation, jeudi 25 septembre, à cinq ans de prison dans l’affaire des financements libyens de sa campagne de 2007, la République aurait tremblé au prononcé de son jugement. « Ce n’est pas moi qui suis humilié, mais la France, par ces pratiques si contraires à l’Etat de droit », clame-t-il ainsi, fustigeant un « traitement spécial » à son égard de la part de la justice. « Ce jugement, c’est en réalité l’effondrement de la quasi-totalité de l’accusation », poursuit l’ancien chef de l’Etat. Depuis jeudi soir, certains parmi ses soutiens, proches et lointains, crient à l’acharnement, voire au coup d’Etat judiciaire. Une musique qui s’est à peine assourdie quand est tombée la nouvelle des menaces de mort reçues par la présidente du tribunal de Paris qui a prononcé le jugement. Dimanche soir, Emmanuel Macron y a réagi dans un message publié sur X en rappelant que « l’Etat de droit est le socle de notre démocratie » et en qualifiant d’« inadmissibles » ces menaces sur les magistrats.
Si les attaques contre les juges montent en puissance dans les discours politiques, notamment depuis la condamnation de Mme Le Pen le 31 mars dans l’affaire des assistants parlementaires du Front national (rebaptisé Rassemblement national, RN, en 2018), en France c’est d’abord le personnel politique qui inspire la plus grande défiance. Alors bien sûr, la condamnation de Nicolas Sarkozy n’arrangera rien de ce côté-là. Mais le jugement rendu à son égard, et pour des faits commis alors qu’il n’était pas président de la République, est l’aboutissement de décennies de moralisation de la vie publique, sous la pression, justement, d’une opinion de moins en moins tolérante. Selon le dernier baromètre de la confiance mené par le Cevipof en février, trois quarts des sondés jugent les élus et les dirigeants politiques français « plutôt corrompus ». Dans cette même enquête, l’institution judiciaire inspire confiance à une courte minorité, 44 %.
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