« Le marché de l’impression baisse de 10 % à 15 % par an si vous ne faites rien », résume Frédéric Fabi, président fondateur de Dupliprint, une entreprise mayennaise (220 salariés) qui réalise tous types d’imprimés, du livre à la documentation automobile ou juridique. « L’évolution naturelle va beaucoup plus vite que la vitesse d’évolution de l’imprimeur moyen. » En juin, les élus de Mayenne ont alerté le ministère de l’industrie sur la fragilisation du secteur.

Quand la branche de l’imprimerie de labeur – drôle de terme construit en opposition aux imprimeurs de presse – et des arts graphiques a employé jusqu’à 100 000 personnes dans les années 1960 et 1970, elle connaît depuis un déclin continu, et compte 3 651 entreprises et 33 932 salariés en 2023. En y ajoutant des métiers connexes dans d’autres branches (comme la presse), environ 40 000 personnes subsistent.

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Dans ce secteur, qui comprend l’ensemble des métiers de la chaîne graphique, du prépresse (préparation de l’imprimé, composition typographique, correction) à la finition (façonnage, assemblage, brochage…) en passant par l’impression, les lignes ont toujours été en mouvement. « Il y a eu plusieurs vagues d’évolutions technologiques, entre la presse de Gutenberg au XVe siècle, les presses en métal au XVIIIe, les machines à composer et les rotatives fin XIXe, et surtout les presses offset puis l’héliogravure au XXe siècle qui permettent d’imprimer plus vite, raconte Olivier Deloignon, historien et ancien compositeur typographe, métier qui n’existe plus. Et, bien sûr, l’imprimante laser en 1984, la délocalisation de certaines impressions en gros tirage qui ont commencé à faire mal aux entreprises. Les métiers de la typographie ont disparu un par un. »

Hyperpersonnalisation

Aujourd’hui, l’essentiel des travailleurs sont des « conducteurs de machine à imprimer d’exploitation complexe », qui ont des compétences en informatique, ou des opérateurs de publication assistée par ordinateur (PAO). « Sur une rotative on était huit à dix personnes, quand aujourd’hui on est un et demi. On ne peut pas aller contre la technologie, donc on cherche à organiser des passerelles vers l’informatique ou le journalisme », décrit Damien Dhont, responsable du secteur presse de la Fédération des travailleurs des industries du livre, du papier et de la communication CGT.

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