Le signe que la liberté d’expression reste un principe intangible aux Etats-Unis ? Après six semaines de détention, Rümeysa Öztürk est rentrée à Boston le 10 mai. L’étudiante de l’université Tufts (Massachusetts), d’origine turque, avait été arrêtée, pour ne pas dire « kidnappée », le 25 mars en pleine rue par six policiers en civil, et transférée en Louisiane en prélude à son expulsion. Elle était devenue l’emblème des menaces pesant sur le free speech dans les établissements d’enseignement supérieur américains.

Pendant des semaines, le juge fédéral William Sessions a demandé au gouvernement de présenter la preuve que l’étudiante en doctorat, lauréate d’une bourse Fulbright, soutenait le Hamas, comme le prétendait le ministère de la justice. En guise de pièce à conviction, il n’a jamais obtenu qu’une tribune cosignée en mars 2024 par Rümeysa Öztürk et publiée dans le journal du campus. Un texte demandant à l’université de reconnaître le « plausible génocide » en cours à Gaza et de se désengager d’Israël comme elle l’avait fait en 1989 avec l’Afrique du Sud de l’apartheid.

Le 9 mai, alors que le gouvernement retardait une nouvelle fois l’exécution de ses décisions en prétendant vouloir faire porter à l’étudiante un bracelet électronique, le juge en a eu assez. Il a ordonné la libération sans condition de Rümeysa Öztürk, soulignant que son asthme s’était aggravé en détention. A son arrivée à Boston, l’étudiante a exprimé sa reconnaissance. « J’ai confiance dans le système judiciaire américain », a-t-elle déclaré.

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D’autres accusés – de quoi d’ailleurs ? – sont toujours en détention sans jugement, comme Mahmoud Khalil, étudiant palestinien de l’université Columbia à New York, ou Badar Khan Suri, chercheur indien de l’université de Georgetown à Washington. Sans parler des centaines de migrants que l’administration Trump veut envoyer au Salvador hors procédure judiciaire, voire en Libye, envisagée comme une nouvelle « terre d’accueil ». Mais la libération de Rümeysa Öztürk est un signe, celui que Donald Trump peut être amené à reculer devant l’Etat de droit.

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