Le rayon « insecticides » d’un magasin parisien, en octobre 2023.

L’acétamipride, insecticide dont les agriculteurs ont échoué à obtenir la réautorisation en France, ne sera plus commercialisé comme biocide contre les fourmis, cafards ou autres nuisibles domestiques en Europe, à partir de 2027, a fait savoir mardi 30 septembre l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA).

L’ONG Générations Futures a annoncé mardi qu’aucun industriel, et notamment le principal fabricant Nisso, n’avait déposé de renouvellement de demande d’autorisation de commercialiser les biocides ménagers contenant cette substance. La date butoir pour un dépôt de demande était fixée au 30 juillet.

« Aucune demande de renouvellement d’autorisation de mise sur le marché n’a été présentée pour l’acétamipride », substance active de nombreux insecticides ménagers, a confirmé l’ECHA à l’Agence France-Presse (AFP).

Les biocides ménagers contenant ce puissant neurotoxique de la famille des néonicotinoïdes sont autorisés jusqu’au 31 janvier 2027 au sein de l’Union européenne, date d’échéance de la précédente autorisation. Un traditionnel délai de grâce permettra la poursuite des ventes « jusqu’au 30 juillet 2027 » et son utilisation sera interdite à compter « du 31 janvier 2028 », précise l’ECHA.

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Appel à « son interdiction totale au niveau européen »

Générations Futures, qui était en première ligne dans l’opposition à la réintroduction de l’usage agricole de l’acétamipride en France, « appelle désormais à son interdiction totale au niveau européen, y compris en agriculture », dans un communiqué. Pour la France seule, l’ONG précise que « 198 produits à destination des particuliers » contenant cette substance sont actuellement disponibles.

Inconnu du grand public, l’acétamipride a été mis en lumière cet été en France lors des débats publics houleux sur la loi Duplomb, qui visait à « lever les contraintes » du métier d’agriculteur. Mesure phare du texte initial, la réintroduction sous conditions de ce produit, interdit pour son usage agricole en France depuis 2018 − mais autorisée en Europe jusqu’en 2033 −, a été retoquée par le Conseil constitutionnel en août.

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L’acétamipride est toujours réclamé par les filières de la betterave et de la noisette, quand a contrario les apiculteurs dénoncent « un tueur d’abeilles ». A l’appel de la première force syndicale agricole en France, l’alliance FNSEA/JA, des agriculteurs ont manifesté cet été, dénonçant la présence dans les rayons de supermarchés d’insecticides contenant de l’acétamipride et appelant à « la cohérence ».

Générations Futures estime pour sa part que « les industriels savaient que l’acétamipride n’avait aucune chance d’être réautorisé en Europe comme biocide au regard du risque inacceptable qu’il pose, ce pour quoi ils n’ont pas défendu le renouvellement de cette substance en Europe », selon Pauline Cervan, toxicologue de l’ONG, citée dans le communiqué.

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Le Monde avec AFP

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