Loin des annonces tapageuses de Donald Trump, dans l’un de ces lieux d’échanges virtuels dont le grand public n’a vent que lors des crises, un petit séisme est à l’œuvre. A savoir, sur le marché des obligations souveraines, où les investisseurs opèrent une hiérarchie sans concession entre les Etats en fonction de leur crédibilité financière.

Lundi 7 juillet, l’écart entre les taux des obligations d’Etat françaises et italiennes à dix ans est tombé à 20 points de base seulement (soit 0,2 %), et, selon nombre d’observateurs, il pourrait disparaître d’ici peu. En octobre 2023, il dépassait encore les 145 points. Au plus fort de la crise des dettes, à l’été 2012, il était au-delà des 400 points. L’évaporation de cet écart est éclairante sur le regard que les investisseurs portent sur ces deux pays. D’un côté, l’Hexagone s’enlise dans une crise politique à l’issue incertaine, peinant à remettre ses finances publiques en ordre : le déficit public s’est établi à 5,8 % du produit intérieur brut (PIB) en 2024, selon Eurostat, laissant craindre un emballement de la dette publique, qui dépasse 113 % du PIB.

De l’autre côté des Alpes, en revanche, le déficit public a nettement chuté, passant de 8,9 % du PIB en 2021 à 3,4 % en 2024. Si la tendance se poursuit, une réduction de la dette publique, actuellement de 135,3 % du PIB, sera possible. Surtout, l’arrivée au pouvoir de la figure d’extrême droite Giorgia Meloni, en 2022, a mis fin à la valse des gouvernements observée depuis la crise de 2008, ouvrant une ère de certitudes. Il en va ainsi des marchés financiers : les investisseurs préfèrent la stabilité et la prévisibilité d’un régime penchant vers l’autoritarisme aux soubresauts inhérents aux démocraties. Tant que les décisions d’exécution rapide des autocrates servent les intérêts économiques, ils s’accommodent plutôt bien.

Du moins, à court terme. Car, sur le temps long, l’affaiblissement de l’Etat de droit, l’arbitraire et la disparition des contre-pouvoirs finissent toujours par saper les fondements d’une économie saine et par doucher les financiers. Sans même parler des considérations démocratiques.

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