A l’été 1914, les bénéfices du siècle de paix relative qui avait suivi la défaite de Napoléon à Waterloo (1815) étaient de peu de valeur aux yeux des Européens. Comme le raconte l’historienne Barbara W. Tuchman dans son livre Août 1914 (Presses de la Cité, 1962), l’opinion publique à Berlin, à Paris, à Londres et à Vienne fut emportée par une vague d’euphorie collective – une excitation fiévreuse face aux avantages attendus d’une guerre mondiale rapide et décisive. Ils n’obtinrent que quatre années de misère et de dévastation.

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Un sentiment similaire de bravade malavisée semble imprégner l’administration du président américain, Donald Trump, qui poursuit son assaut imprudent contre l’ordre économique mondial et l’architecture de sécurité internationale ayant prévalu les quatre-vingts dernières années. A première vue, les Etats-Unis semblent bien placés pour remporter la guerre commerciale de Trump contre la Chine et leurs plus proches partenaires commerciaux comme le Canada, le Mexique et l’Union européenne.

Dans ses déclarations publiques, Donald Trump insiste souvent sur l’important déficit commercial des Etats-Unis dans le domaine des biens, qui atteindra le chiffre record de 1 200 milliards de dollars (plus de 1 000 milliards d’euros) en 2024. Selon lui, le déficit commercial est la preuve irréfutable que les Etats-Unis sont traités « très, très injustement, très mal ».

Un excédent considérable de services

Parce qu’ils importent plus qu’ils n’exportent, les Etats-Unis ont plus de produits étrangers à taxer que d’exportations susceptibles de faire l’objet de représailles. Donald Trump entend tirer parti de cet avantage stratégique en utilisant les droits de douane – « le plus beau mot du dictionnaire », comme il l’a dit un jour – pour faire pression sur les entreprises opérant au Canada, au Mexique et en Chine afin qu’elles délocalisent leur production sur le sol américain, éliminant ainsi le déficit commercial.

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Le défaut fondamental de la stratégie de Donald Trump est qu’elle se concentre sur le déficit commercial des marchandises, tout en négligeant le rôle, beaucoup plus important, que jouent les services, la propriété intellectuelle et les investissements dans l’économie mondiale. Cette myopie rend les Etats-Unis vulnérables à des contre-mesures qui pourraient saper les avantages qu’ils considèrent pourtant comme acquis.

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