Donald Trump aime l’argent, les milliardaires et leurs compliments. Les barons de la Silicon Valley, qui étaient au premier rang à la cérémonie d’investiture du 20 janvier, n’ont lésiné ni sur les millions de dollars ni sur la flagornerie pour obtenir les baisses d’impôts et la dérégulation promises. Mais, depuis le début, il est perceptible qu’au sein de la coalition hétérogène qui a porté Trump au pouvoir, la base MAGA (« Make America Great Again ») et les titans de la tech n’ont pas les mêmes priorités.
Outre la lutte contre l’immigration et la baisse de l’inflation, Trump avait, certes, promis de « beaux » droits de douane. Toutefois, ceux du premier mandat n’avaient pas eu de conséquences désastreuses, d’où le désintérêt relatif des magnats sur ces questions. Mais cette fois-ci, Trump a sorti le grand jeu, contre l’avis de tous les économistes de droite comme de gauche et du président de la Réserve fédérale (Fed), et malgré les pressions des industriels et d’Elon Musk. Le vice-président J. D. Vance, quant à lui, affiche un soutien sans faille pour le président, mais il maintient un certain flou sur ses priorités, sauf sur sa détestation de l’Union européenne.
Même si la Maison Blanche, à travers diverses déclarations, mardi 22 avril, a semblé prendre en compte les mauvais sondages et le chaos boursier, en démentant le projet de limoger le président de la Fed, Jerome Powell, et en reconnaissant que les droits de douane sur les produits chinois ne pouvaient rester à ce niveau, le doute s’est installé.
Les violations de la loi et de la Constitution, avant les manifestations du 5 avril, n’avaient guère fait bouger les lignes. Seuls les fonctionnaires licenciés en violation de leurs droits, les syndicats et les groupes de défense des droits et libertés se sont opposés par la voie judiciaire aux expulsions illégales et au démantèlement des agences et des services auxquels les Américains sont attachés (retraite et assurance-maladie, pour n’en citer que deux). Mais les droits de douane et leurs conséquences sur la Bourse, l’emploi et les plans d’épargne retraite ébranlent des électeurs de Trump et quelques élus républicains modérés. Exaspéré, Elon Musk qualifie sur X de « crétin » Peter Navarro, conseiller économique du président et principal architecte de sa politique protectionniste.
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