A Port-au-Prince, capitale d’Haïti, le 21 mars 2024. 

Près de deux mois après le début de la crise qui a plongé Haïti dans le chaos et poussé le premier ministre, Ariel Henry, à annoncer sa démission, les neuf membres du conseil présidentiel de transition ont été nommés mardi 16 avril par un arrêté officiel paru dans le journal officiel, Le Moniteur. Cet organe a pour mission de rétablir l’ordre public et assurer une transition politique dans ce pays en proie à la violence des gangs, poussant près de 100 000 Haïtiens à fuir la capitale Port-au-Prince.

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Ce conseil avait été créé officiellement le 12 avril par un décret signé du premier ministre très impopulaire, M. Henry. Ce dernier avait annoncé sa démission en mars tout en précisant que son départ ne sera effectif qu’une fois que ce conseil sera mis en place et aura nommé un premier ministre. Le premier décret prévoit d’ailleurs que les membres du conseil présidentiel de transition devront désigner « rapidement » un premier ministre ainsi qu’un gouvernement « inclusif ». « Le mandat du conseil présidentiel de transition prend fin, au plus tard, le 7 février 2026 », ajoute le document.

Sans mentionner le nom des membres, ce premier décret demandait aux « personnalités désignées par les parties prenantes » de soumettre des documents aux autorités à des fins d’approbation. Ce qui a suscité la crainte chez les neuf groupes et partis politiques représentés dans ce conseil que le gouvernement puisse en rejeter un certain nombre.

Aucune élection en Haïti depuis 2016

L’arrêté publié mardi dans Le Moniteur semble répondre partiellement à cette inquiétude, puisqu’il donne explicitement les noms des sept membres, représentant les principales forces politiques et le secteur privé, et des deux observateurs sans droit de vote.

Les membres sont : Smith Augustin (ancien diplomate) ; Louis Gérald Gilles (médecin et ancien sénateur) ; Fritz Alphonse Jean (ancien gouverneur de la banque centrale d’Haïti) ; Edgard Leblanc Fils (ancien président du Sénat) ; Laurent Saint-Cyr (entrepreneur) ; Emmanuel Vertilaire (avocat) et Leslie Voltaire (ancien ministre et diplomate). Le pasteur évangélique Frinel Joseph et l’ancienne fonctionnaire de la Banque mondiale Régine Abraham sont nommés membres observateurs sans droit de vote.

Toutefois, l’arrêté précise que les membres « seront tenus de soumettre les documents nécessaires dans un délai raisonnable, et que s’ils ne sont pas en mesure de le faire, ils seront obligés de démissionner ».

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Le conseil est donc censé assurer une transition en douceur lorsque M. Henry – nommé quelques jours avant l’assassinat en 2021 du président Jovenel Moïse – quittera ses fonctions, ce qui ouvrira la voie à une élection présidentielle. Sans président ni Parlement, Haïti n’a connu aucune élection depuis 2016. Après deux mois de crise, la capitale est toujours à 80 % aux mains des bandes criminelles, accusées de nombreuses exactions, en particulier de meurtres, viols, pillages et d’enlèvements contre rançon.

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Le Monde avec AFP

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