Le Marineland d’Antibes a fermé ses portes en début d’année, mais deux orques et douze dauphins sont toujours présents sur place.
Faute de sanctuaire disponible, la France s’est prononcée en faveur d’un transfert vers un parc aquatique en Espagne, éventuellement de façon « transitoire ».
Sea Shepherd souhaiterait maintenir les animaux pendant un an à Antibes dans l’attente d’une autre solution, mais cette proposition présente des difficultés.

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Le feuilleton du transfert des deux orques et des douze dauphins de Marineland n’est pas terminé. Seule certitude : le parc aquatique a fermé ses portes en début d’année et les soigneurs et personnels – 103 personnes au total – seront licenciés le 15 avril dans le cadre d’un plan social.

Que se passera-t-il après cette date pour les animaux ? 

Deux demandes de permis déposées pour Tenerife et Madrid

Voici ce que l’on sait à ce stade :

  • Le parc a déposé deux demandes de permis d’exportation. La première concerne le transfert des deux dernières orques, Wikie et Keijo, et de deux dauphins vers Loro Parque à Tenerife, aux Canaries (Espagne), un parc aquatique propriété d’un homme d’affaires allemand. 
  • La deuxième demande concerne le transfert de dix dauphins au zoo de Madrid. Ce dernier a pourtant récemment envoyé ses propres dauphins en Chine. Mais le zoo est la propriété de Parques Reunidos, soit le même propriétaire que le Marineland. Les associations s’inquiètent d’un transfert temporaire à Madrid, avant une autre destination, en-dehors de l’Union européenne.
  • L’Espagne doit se prononcer – « d’ici quelques jours » selon nos informations – sur le transfert des animaux sur son sol.
  • C’est seulement après cet avis que la France se prononcera à son tour sur les demandes de permis, « dans un délai de 15 jours« .

Des recours et une expertise vétérinaire

Mais l’affaire pourrait durer. Pourquoi ?

  • L’entourage de la ministre Agnès Pannier-Runacher dit aussi attendre « les résultats de l’expertise vétérinaire ordonnée par la justice » pour se prononcer. L’association One Voice avait en effet déposé un recours devant la cour d’appel d’Aix-en-Provence et celle-ci avait ordonné une nouvelle expertise sur les orques.
  • La présidente de Sea Shepherd Lamia Essemlali précise à TF1 que son association attaquera en justice toute autorisation de transfert. La justice se prononcerait dans un délai de trois semaines sur le référé-suspension. « Selon toute vraisemblance, l’Etat attendrait la décision de justice avant faire transférer les animaux« , précise une source juridique, et cela laisserait donc les orques et les dauphins au Marineland.
  • Sur la solution espagnole, la ministre avait dit, à la fin de l’année, qu’elle convenait puisque le pays a des standards européens de bien-être animal (contrairement au Japon, où le parc voulait envoyer les orques, ce qui a été refusé par la France). Mais dans une vidéo postée mi-mars sur les réseaux sociaux, Agnès Pannier-Runacher s’est montrée moins catégorique : elle a ainsi évoqué « un temps transitoire » en Espagne pour les animaux de Marineland, en attendant la création de sanctuaire. Dans ce scénario, les associations doutent toutefois de la volonté des parcs espagnols de s’en séparer après les avoir récupérés. 

Statu quo à Marineland ?

Les animaux peuvent-ils rester à Marineland ?

  • Des sanctuaires pourraient voir le jour en Grèce et en Italie, et la France a confirmé y travailler avec ses homologues, mais à ce stade, ils ne sont pas prêts. Selon Sea Shepherd, un lieu pourrait être disponible en Grèce dans un délai d’un an.
  • L’association, qui a déposé une requête en ce sens devant le Conseil d’Etat, propose donc de maintenir les animaux à Antibes en attendant l’ouverture des sanctuaires. Sea Shepherd assure qu’elle pourra prendre en charge les salaires des soigneurs et même faire des travaux de remise en état de Marineland. « Nous avons cinq millions d’euros qui nous permettraient de tenir au moins trois ans, avance la présidente de Sea Shepherd. Or, il nous faut beaucoup moins de temps que ça, les sanctuaires seraient prêts l’année prochaine.« 
  • Une solution qui se heurte à des difficultés. Les installations et les animaux sont en effet la propriété de Parques Reunidos, et non de Sea Shepherd, et il n’y a aucune offre de rachat sur la table. « Cette proposition, c’est du grand n’importe quoi« , balaie une source proche du dossier.
  • Par le passé, Sea Shepherd avait fait partie des associations qui, au sein de la coalition Rewild, avaient racheté le zoo de Pont-Scorff dans le Morbihan avec la promesse de remettre les animaux sauvages en liberté, mais la structure avait finalement été placée en liquidation judiciaire, et le parc racheté par un autre propriétaire.
  • En raison de l’examen en cours des demandes de permis et des recours éventuels, les orques et les dauphins pourraient toutefois demeurer plus longtemps que prévu à Antibes. Et ce d’autant plus qu’organiser un tel transfert, par avion, prend du temps et nécessite une logistique importante.

Nous sommes dans une situation d’extrême urgence.

Une source interne

« Le 15 avril, il n’y aura plus de soigneurs, nous sommes dans une situation d’extrême urgence« , alerte une source interne, pour laquelle il en va du « bien-être animal« . « Il va falloir trouver une solution et pas l’année prochaine », avait aussi déclaré la ministre, interrogée lors de Bonjour !, la matinale de TF1, vendredi dernier.

Sur Facebook, voici le message que l’on peut trouver sur une page présentée comme étant celle des « soigneurs du Marineland » (nouvelle fenêtre) : « Après une longue période de silence, nous décidons de prendre enfin la parole pour apporter une rectification sur ce qui a été dit publiquement : nous sommes ‘animaux dépendant’ et quelque soit la date de leur départ, nous serons là pour eux et ce, jusqu’à la fin. Si des animaux sont encore présents au sein du parc le 15 avril passé, nous serons là aussi.’ »

Marianne ENAULT

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