Le cube vieillot posé au milieu de la cité est plein de bruits d’eau, en ce mercredi matin d’avril et de vacances scolaires. Deux groupes d’enfants âgés de 6 à 12 ans occupent le bassin de 25 mètres de la piscine de la Busserine. Sur le bord, les cinq encadrants de l’association Le Grand Bleu surveillent et encouragent la quarantaine de gamins.

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Dehors, un groupe de mères patientent. Peu semblent au courant de l’arrivée des Jeux olympiques et paralympiques à Marseille. L’une d’elles se souvient toutefois que son aîné, qui apprend la voile à la base municipale de Corbières, quelques kilomètres plus bas, va accueillir la flamme avec ses copains mercredi 8 mai. Un groupe de garçons et filles en kayaks, canoés et paddles seront en effet postés au bout de la jetée de l’Estaque pour saluer l’arrivée du Belem avec à son bord la torche olympique.

Dans la piscine de la Busserine, dans le 14ᵉ arrondissement de Marseille, le 25 avril 2024.

Brahim Timricht, directeur de l’association Le Grand Bleu, qui organise le stage « Savoir nager » pour ces jeunes envoyés par les centres sociaux, n’est pas peu fier que sa structure ait été sélectionnée pour participer aux festivités. « Ça va nous arriver quand la prochaine fois ? On sera mort ! » Ce grand gaillard de 50 ans reconnaît que parents comme enfants parlent peu des JO : « Ils pensent que tout se passe au sud [de la ville] et que leur quartier n’est pas impacté. » Il sait que les Jeux paraissent encore lointains, dans ce coin du 14arrondissement. Comme dans tous les autres secteurs des quartiers nord de la cité phocéenne.

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Un écho lointain

A 3 kilomètres de là, dans le 13e arrondissement, à la limite du quartier des Chutes-Lavie, le stade du Burel FC se dresse au-dessus de la quatre-voies de la rocade qui traverse le nord de la ville. Les JO ? Ici aussi, c’est un écho lointain. « Pour nous, c’est avant tout les Jeux de Paris. A Marseille, on va avoir la voile, c’est joli, mais c’est un sport confidentiel auquel on ne comprend rien », remarque Serge Obré, directeur du club.

Le manageur sportif assure que ses joueurs ne parlent même pas des rencontres qui vont se dérouler au Vélodrome : « Pour eux, il n’y a qu’un seul sport roi, c’est le foot, et ils savent que c’est une discipline mineure aux JO. Ils ont plus en tête le championnat d’Europe. »

Tout au nord, à la Sound Musical School de la Savine, c’est la même désillusion à l’approche du rendez-vous mondial. « Il faut être dans certains clubs pour avoir des informations sur ce qu’il va se passer. On ne sait même pas s’il y a un sportif marseillais qui va concourir aux épreuves de voile… », lâche Mohamed MBaé, dit « Soly », médiateur culturel et social. « On ne voit rien de concret sauf la marina », renchérit Ali Ibrahma. Les deux responsables du studio musical, qui a vu passer tous les rappeurs marseillais, rappellent que la voile n’évoque rien aux gamins de cette cité pauvre. Ici toute pratique sportive est devenue un luxe. Pour se rendre à la base nautique de Corbières, le trajet dure une heure trente en transport en commun. Le grand stade de la Savine, seule installation existante, est à l’abandon depuis la démolition des tours de la cité, et pour jouer au football ou aller à la piscine, il faut prendre deux bus.

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