C’est un grand cahier d’écolier à spirales, qui n’a l’air de rien quand on le sort du carton conservé aux Archives de Paris sous la cote 3992W. On l’ouvre, on lit quelques lignes, et on replonge instantanément dans la stupeur, la douleur, la colère du 14 novembre 2015.

Ce matin-là vers 10 heures, Stéphane Martinet, élu du 11arrondissement de Paris – celui du Bataclan et de plusieurs terrasses mitraillées la veille –, a vu affluer à la mairie des citoyens demandant où se trouvait le registre de condoléances. Il est remonté dans son bureau, a pris le premier cahier qui lui passait sous la main, et l’a installé sur une table à l’entrée avec un stylo et un bouquet de fleurs.

En six jours, le cahier à spirales était plein. Trois albums reliés à couverture rigide suivront, 1 325 messages en tout. Ces quatre registres qui n’ont l’air de rien sont « un monument de papier » à la mémoire des victimes, selon la formule de la journaliste et historienne Hélène Frouard, autrice d’un article à leur sujet lorsqu’elle était chercheuse au CNRS. Leur lecture noue la gorge et affecte le moral, mais réconforte et fait sourire aussi, parfois.

Il vous reste 65.6% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
Exit mobile version