Le front républicain se meurt. Cela n’est pas nouveau : on entend ce même refrain depuis les élections législatives de 2022. Ces derniers jours, diverses personnalités du parti Les Républicains (LR), notamment Bruno Retailleau, ont réactivé ce sentiment, appelant à « ne pas donner une voix à la gauche » dans le duel entre le Parti socialiste et le parti d’Eric Ciotti [l’Union des droites pour la République, UDR] dans la première circonscription du Tarn-et-Garonne.

En appelant à faire élire un candidat soutenu par le Rassemblement national (RN), le président de LR se départ de la position du « ni gauche ni extrême droite » officialisée du temps du quinquennat de Nicolas Sarkozy. En parallèle, le sénateur (LR) Roger Karoutchi appelait à voter pour le RN dans les duels avec un candidat La France insoumise (LFI), tandis que l’ancien député Henri Guaino et l’ex-porte-parole du gouvernement Sophie Primas envisageaient la possibilité d’une collaboration gouvernementale entre LR et l’extrême droite. Autant de prises de parole fustigées à gauche comme usurpant le nom de « républicain ».

Or, si le cordon sanitaire, c’est-à-dire le refus de toute alliance électorale ou collaboration dans un exécutif local ou national, tient bon à droite depuis le tournant du siècle, son attachement au front républicain, c’est-à-dire à l’union de toutes les familles politiques contre l’extrême droite, a toujours été relatif. Bien commode lorsqu’il s’agit de faire élire un des leurs lors d’un second tour d’élection présidentielle ou régionale, le front républicain est très rarement appliqué en faveur de la gauche ou même du centre, et ne fut jamais assumé en tant que tel lors des élections législatives de 2024.

« Union des droites »

Il faut aussi rappeler que Les Républicains ont souvent été négligents quant à la porosité entre milieux militants de droite et d’extrême droite. On peut penser au recyclage d’anciens militants de l’extrême droite violente dans l’UDF ou le RPR des années 1980, à la fréquentation de l’Institut de formation politique par des Jeunes LR aux côtés de jeunes lepénistes ou zemmouristes, à l’embauche d’assistants parlementaires actifs dans la fachosphère, ou encore à la non-exclusion d’élus prônant l’« union des droites », c’est-à-dire le ralliement de la droite à l’extrême droite.

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