Les sangliers sont devenus une sérieuse nuisance pour de nombreuses régions, comme en témoigne l’attaque d’un couple fin janvier dans l’Aveyron.
En 20 ans, leur nombre aurait triplé en France, tandis que les effectifs des chasseurs ne cessent de diminuer.
La régulation de cette population sauvage et parfois dangereuse commence à inquiéter les pouvoirs publics.

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LE WE 20H

Des sangliers qui déambulent en famille en pleine ville au grand dam des habitants apeurés : ces images se multiplient sur les réseaux sociaux. Sans compter que certains riverains ne sont pas à l’abri d’une attaque. Un couple de l’Aveyron, attaqué et gravement blessé par un animal, en a fait les frais récemment.

Réguler leur population est donc devenu une priorité pour les pouvoirs publics, une mission dévolue aux chasseurs. En Seine-et-Marne, comme partout en France, des battues sont ainsi organisées de septembre à mai. Une équipe de TF1 a suivi l’une d’elle, pour le reportage ci-dessus. Et justement, les chiens des rabatteurs sont sur la piste d’une compagnie de sangliers. 

Ils font la différence entre un promeneur et un chasseur. Donc, ils sont beaucoup plus craintifs, très furtifs.

Jean-Jacques Nivard, chasseur

Jean-Jacques Nivard se positionne sur sa ligne de tir. Il n’a plus qu’à attendre. Mais depuis quelques années, la chasse aux sangliers est devenue plus difficile. « Les sangliers, particulièrement, se sont bien adaptés aux chasseurs. C’est-à-dire qu’aujourd’hui, si on fait un peu de bruit en arrivant, ils font la différence entre un promeneur et un chasseur. Donc, ils sont beaucoup plus craintifs, très furtifs », constate-t-il dans le reportage ci-dessus. Jean-Jacques se met malgré tout en position. Après une heure d’attente, un jeune mâle est finalement débusqué. 

C’est le seul qui sera « prélevé », autrement dit abattu. Au total, une dizaine d’autres auront échappé aux chasseurs. Résultat, ils sont de plus en plus nombreux dans le département. Leur population a doublé en 20 ans, au contraire du nombre de chasseurs, qui a diminué de moitié. « C’est une fourchette large, en ce moment, c’est entre 12.000 et 16.000 animaux de prélevés chaque année. Comparé aux années 2000, c’est énorme », atteste Maxime Devoucoux, un autre chasseur qui constate qu’ils n’arrivent pas à contenir le nombre grandissant de sangliers. 

La hantise des agriculteurs

Ces derniers causent de plus en plus de dégâts, notamment sur les terres des agriculteurs. « Là, on se rend bien compte qu’il y a toute une zone encore où ils sont venus fouiller », montre à la caméra Benoît Jezorski. Il a récemment reçu la visite d’une compagnie de sangliers qui a saccagé son terrain. « C’est des pertes économiques, en fait. On sait très bien que ça sera répétitif, ça va se renouveler tous les ans. L’inconvénient d’avoir cette zone-là  qui ne sera plus enherbée au printemps, va falloir la remettre en état », déplore-t-il. Cet agriculteur compte réclamer une indemnisation auprès de la Fédération de la chasse qui pourrait s’élever à plusieurs milliers d’euros.

Comment expliquer cette prolifération nationale ? Pourquoi sont-ils de plus en plus nombreux ? La réponse se trouve dans la forêt. « La base de l’alimentation des sangliers, ce sont les faines, les glands, les châtaignes qu’ils peuvent trouver en forêt. Avec le réchauffement climatique, les hivers moins froids, moins rigoureux, les forêts en produisent plus. C’est cette abondance de nourriture qui permet à la laie, la femelle sanglier, d’avoir suffisamment d’énergie pour donner naissance, non pas à une, mais parfois à deux portées dans la même année. Il faut compter entre 4 et 7 petits par portée. Les sangliers sont donc mathématiquement de plus en plus nombreux », explique le journaliste de TF1. 

Et comme leur nombre ne fait qu’augmenter, ils vont aussi chercher de la nourriture dans nos poubelles ou dans nos parcs. La Fédération française de la chasse estime la population actuelle de sangliers à plus de 3 millions d’individus.


V. F | Reportage : Nicolas Robertson et Héloïse Lévêque

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