Il est grand temps de replacer la connaissance scientifique au cœur du débat public. Dans un monde marqué par une complexité croissante, le débat public est confronté depuis plusieurs années à la dramatisation, à la spectacularisation, à une polarisation et à une fragmentation alarmante. Tant en France qu’à l’échelle mondiale, l’essor des réseaux sociaux, la brutalisation du débat politique et l’accélération du flux médiatique ont permis la montée des discours clivants et la simplification excessive d’enjeux complexes, au détriment d’un travail de réflexion et de conceptualisation.

Cette situation alimente l’hostilité, l’enfermement dans les préjugés, une dégradation du dialogue et de la recherche de consensus. Elle est d’autant plus préoccupante qu’elle favorise la diffusion de contre-vérités scientifiques sous couvert d’opinions, sapant ainsi les fondements mêmes d’une société éclairée et posant les bases d’un risque réel de recul démocratique.

Si la recherche universitaire est le lieu par excellence du doute radical et du débat critique, elle ne conduit pas à douter de tout, pas plus qu’elle ne conduit à un relativisme généralisé. La démarche scientifique érige le doute en méthode pour mieux valider des découvertes, produire des résultats qui font consensus en son sein, et différencient les possibles de l’impossible, la réalité de l’imaginaire, le réel du fake. Dans une démocratie, la liberté d’expression scientifique accompagne toujours la recherche sincère de la vérité.

Attaques permanentes

Dans ce contexte, par leur capacité à déconstruire les discours simplificateurs, à identifier les nuances et à analyser les mécanismes de la polarisation elle-même, les sciences humaines et sociales constituent un outil précieux, si ce n’est fondamental, pour éclairer le débat public. Elles discutent désormais avec les sciences du monde physique et naturel, elles permettent de comprendre les racines des clivages sociaux, d’analyser les phénomènes politiques et économiques dans leur complexité et de mettre en lumière les enjeux cachés derrière les discours idéologiques. Elles permettent de dévoiler les fausses évidences et participent à l’éducation des citoyens. Elles s’attachent à comprendre les dynamiques sociales, à identifier les inégalités et à questionner les structures de pouvoir. Elles jouent ainsi un rôle crucial en offrant des perspectives critiques, en éclairant les processus décisionnels ainsi qu’en dévoilant les biais et les incohérences portés par les réseaux sociaux, véhiculés par de « bons mots » ou des expressions non définies qui n’ont pour fonction que l’invective, la déqualification et l’exclusion.

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