Depuis plus de dix ans, Jean-Christophe Bonoron fournit le sapin de Noël de l’Élysée.
Cet arboriculteur, basé dans le Morvan, a misé sur une production haut de gamme.
Car il y a sapin et sapin… Et le sien, c’est un peu la « Rolls-Royce » de l’arbre des fêtes.
À l’approche de Noël, comme chaque année, le palais présidentiel se pare de ses habits de fêtes. La tradition de l’arbre de Noël de l’Élysée, apparue en 1889 sous la présidence de Sadi Carnot, se perpétue depuis plus de 135 ans. En fin de semaine dernière, un gigantesque sapin culminant à 12 mètres et un autre de plus modeste, 6 mètres de haut tout de même, ont été livrés au palais présidentiel. Le premier a été pris place dans la cour d’honneur, tandis que le second a été installé dans la salle des Fêtes, où Emmanuel Macron et la Première dame recevront des enfants à l’occasion de la traditionnelle cérémonie de l’arbre de Noël de l’Élysée.
Ces deux arbres d’exception ont fait le voyage depuis le Morvan, première région productrice de sapins de Noël. Les deux spécimens ont été prélevés sur les parcelles de Jean-Christophe Bonoron. Basé à Montsauche-les-Settons, dans la Nièvre, cet arboriculteur est aujourd’hui le fournisseur d’adresses prestigieuses, dont le palais de l’Élysée. « Notre sapin a été sélectionné pour la douzième année consécutive par l’Interprofession française de l’horticulture et de la fleuristerie (Valhor), qui en fait cadeau à l’Élysée », explique le cultivateur. Un cadeau en forme de coup de pub de l’Association française du sapin de Noël naturel, dont il est président.
« C’est une vitrine pour le sapin made in France et une manière de mettre en avant la profession », souligne l’arboriculteur. Il faut dire que le métier est un peu malmené par l’époque. Pointé du doigt par les écologistes, ce totem de Noël n’est plus vraiment en odeur de sainteté, même si 5,9 millions de sapins de Noël ont été vendus l’an dernier en France, générant un chiffre d’affaires de 200 millions d’euros comme le rapportait début décembre le journal Les Echos (nouvelle fenêtre). Pour autant, dans un foyer sur deux possédant un sapin de Noël, c’est désormais une mouture en plastique qui trône dans le salon, pour des raisons économiques ou pratique, mais aussi écologiques.
La « Rolls-Royce » du sapin de Noël
Une évolution des mœurs qui touche également des grandes villes. Inauguré pour la première fois en 2021, le sapin de verre géant de l’artiste Arnaud Lapierre a de nouveau été installé à Bordeaux. Pour Jean-Christophe Bonoron, c’est un peu comme un acte de résistance. Lui qui s’enorgueillit de produire chaque année 40.000 arbres de Noël de « qualité ». Car il y a sapin et sapin. Et le sien, c’est un peu la « Rolls-Royce » des arbres de Noël. Des modèles d’exceptions qui peuvent se revendre « plus de 2000 euros », et même atteindre en boutique jusqu’à « 10.000 euros, avec un décorateur », comme dans chez Moulié sur la place du Palais Bourbon à Paris.
Sur l’arbre de l’Élysée, il y a 4000 décorations
Sur l’arbre de l’Élysée, il y a 4000 décorations
Jean-Christophe Bonoron
Le fruit d’un savoir-faire que cet arboriculteur chevronné a acquis au fil des années et au gré de ses voyages, au Danemark, aux États-Unis ou encore au Canada. « Aujourd’hui, notre arbre fétiche, c’est le Nobilis. On l’a importé des États-Unis. Il a la particularité d’avoir une teinte et un parfum de citronnelle », souligne-t-il. Les deux sapins élyséens ont fait l’objet d’une sélection rigoureuse. « Cette année, l’Élysée souhaitait un arbre élancé avec une forme plus conique que celui de l’an dernier. On a réalisé une pré-sélection avec une trentaine d’arbres et deux représentants de l’Élysée sont venues sur place pour finaliser le choix », raconte le cultivateur. Qu’ont-ils de plus que les autres ?
« L’étagement entre les verticilles, c’est-à-dire les branches, est parfaitement proportionné. Les aiguilles sont bien développées et ont une belle teinte vert foncé. Sur l’arbre de l’Élysée, il y a 4000 décorations. Donc, il faut que ça puisse être harmonieux », reprend le cultivateur, dont les sapins trônent dans plusieurs palaces parisiens. Mais c’est surtout l’aboutissement d’un long travail. Compter ainsi 10 ans pour arriver à un sapin majestueux de 2,5 mètres de haut et 25 ans pour un de 10 mètres. « C’est très facile de produire des arbres jusqu’à 1,70 m. Mais à partir de 2,50 m, cela demande un vrai savoir-faire. Il faut opérer une sélection au fil du temps. Et pour lui donner une jolie forme conique, il faut le tailler, comme la vigne », souligne-t-il.
Jean-Christophe Bonoron dit appliquer une politique stricte en matière de respect de l’environnement. « Du point de vue écologique, on est irréprochable. On a imposé de faire le tour des champs, avec une fauche tardive en juin pour permettre la nidification. Quand il y a des pressions d’insectes ravageurs, on utilise des cages à oiseaux. On est à moins d’un traitement par hectare et par an sur l’Indice de fréquence de traitement », détaille le cultivateur. De quoi justifier, selon lui, l’obtention d’une indication géographique protégée, la fameuse IGP, dont les producteurs du Morvan ont fait la demande en 2021. Ils pourraient décrocher le Saint Graal dès Noël 2025.