Après le scandale des grands groupes (Orpea, Korian, etc.) dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), voici venir celui des crèches privées lucratives dénoncé par des investigations à l’origine de différents ouvrages.

Dans les deux cas, notre société a confié une tâche, qui relève de la transmission générationnelle et qui a fait l’objet de réflexions dans toutes les civilisations, à des entités dont la motivation principale est l’appât du gain, contradictoire avec le respect des personnes. Ces groupes ont pensé que l’édiction de principes éthiques « sur papier glacé » masquerait leur cupidité et éviterait toute interrogation citoyenne.

Ainsi, des gestionnaires ont utilisé des fonds, majoritairement publics, émanant des contribuables, pour dégager des profits et rémunérer des actionnaires. Comment en est-on arrivé là ?

Plusieurs raisons se sont cumulées : un besoin de places amenant certains élus à préférer des solutions « low cost » pour augmenter l’offre, un lobbying intense des groupes auprès des décideurs, mais aussi un double langage qui, comme dans l’éthique sur papier glacé, affiche des valeurs de façade déconnectées des pratiques.

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Prenons l’exemple de la charte nationale pour l’accueil du jeune enfant, promulguée par arrêté en date du 23 septembre 2021. Celle-ci précise que les enfants doivent être accompagnés par des professionnels hautement qualifiés, attentifs à leurs besoins, notamment relationnels et affectifs. Leur environnement d’accueil doit être beau, sain et propice à l’éducation.

Réalisation impossible

Ces crèches doivent comporter en outre une mission d’accueil et d’accompagnement des parents, doivent être accessibles à tous, avec ou sans handicap, avec ou sans difficultés financières, avec ou sans horaires atypiques. Les professionnels doivent bénéficier de formation continue et d’une bonne progression de carrière. Ils doivent bénéficier de temps de réflexion au-delà des temps auprès des enfants, de rapprochement entre secteur professionnel et secteur de la recherche, les documents de référence doivent être élaborés collectivement.

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Cette charte met tout le monde d’accord. Hélas, tant la réglementation que les moyens financiers rendent impossible la réalisation de cet idéal souhaitable.

En effet, les normes du secteur ne cessent de s’assouplir depuis quelques années sous la pression de la fédération des crèches privées lucratives ou des collectivités pour permettre de dégager des marges et pour réduire des coûts de fonctionnement. Ainsi, le nombre d’encadrants par enfant et leur qualification ne cessent de se réduire, un référentiel « bâtimentaire » est établi fixant le besoin d’espace à 7 mètres carrés par enfant, bien loin du « beau, sain et propice ».

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