La hausse de la température et de la salinité des océans va accroitre les difficultés pour repérer les sous-marins, selon une étude scientifique dévoilée cette semaine.
Certaines régions du monde sont particulièrement concernées.
Ce qui pourrait impacter les rapports de forces internationaux.

Le changement climatique aura-t-il un impact sur la manière de faire la guerre ? Une étude suisse dévoilée ces jours-ci révèle l’impact du réchauffement des océans sur les sous-marins. Les chercheurs en sont convaincus : d’ici à quelques décennies, ces appareils seront de plus en plus difficiles à détecter.

« Nos résultats montrent que, dans la plupart des régions, la portée de détection par l’acoustique sous-marine se contracte en raison du changement climatique« , expliquent dans la Texas National Security Review les cinq chercheurs auteurs de cette vaste étude. Ces derniers rappellent que « la propagation du son dépend de facteurs influencés par le changement climatique, tels que la température et la salinité de l’eau. » 

La Chine et la Russie pourraient être incitées à « accroitre leur présence dans l’Atlantique Nord »

Or ces facteurs vont évoluer au fil des ans : s’appuyant sur les données du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) et son scénario le plus pessimiste pour la période entre 2070 et la fin du XXIe siècle, ils estiment que les sonars n’arriveront plus à localiser des appareils situés à plus de 20 km de distance, et plongeant entre 200 et 300 m de profondeur. Un changement radical : actuellement, les sous-marins sont repérés entre 35 et 60 km de distance des sonars les plus efficaces.

Selon les chercheurs, certaines zones seront particulièrement impactées. Notamment l’Atlantique Nord, en mer du Groenland, et au-delà du golfe de Gascogne. L’ampleur du changement est en revanche beaucoup plus modérée dans le Pacifique occidental. « En raison des tendances que nous avons découvertes en matière de propagation du son sous-marin, la capacité des sous-marins lance-missiles balistiques nord-coréens à se cacher des capteurs ennemis pourrait être encore réduite, à moins que la Corée du Nord ne remédie aux lacunes existantes de ses navires – ce qui nécessiterait un effort important« , détaille l’étude.

Les chercheurs le soulignent : le changement climatique aura un impact sur la scène internationale. « L’augmentation des pertes de transmission que prédisent nos modèles acoustiques océaniques dans l’Atlantique Nord pourrait donner un avantage stratégique à des pays comme la Chine et la Russie. Au cours de la dernière décennie, la Russie a accru ses opérations sous-marines dans l’Atlantique, tandis que la Chine a déployé des efforts considérables pour accéder à l’Atlantique via l’océan Arctique », explique cette enquête. Avant d’ajouter : « Les changements dans la propagation du son sous-marin que nous identifions pourraient inciter la Chine ou la Russie à accroître davantage leur présence sous-marine dans l’Atlantique Nord, dans le but de détourner les moyens et les ressources de guerre anti-sous-marine de leurs adversaires d’autres zones, telles que le Pacifique occidental. »


Thomas GUIEN

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