Quand le Covid long quittera-t-il son statut de maladie contestée en France ? Tandis qu’à l’international, associations et chercheurs dont nous faisons partie appellent dans une déclaration commune à une réponse biomédicale urgente fondée sur la recherche, est parue, le 4 novembre dans Le Monde, une tribune sur le même thème, intitulée « Parallèlement à la “science des maladies”, nous plaidons la “science des symptômes” ». Celle-ci ressuscite une vision psychosomatique que nous espérions dépassée face à l’accumulation de publications scientifiques qui montrent la réalité des lésions dues au Covid long.

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Cette tribune affirme qu’un doute « continue de hanter les débats autour du Covid long ». Mais nous savons quels sont les présupposés qui entourent ces débats, étant donné que les signataires de la première tribune ont cosigné l’un des articles les plus orientés sur le sujet. Les auteurs font mine de déstigmatiser l’imputation des symptômes à l’autosuggestion, pour réappliquer cette interprétation psychosomatique aux patients qui demandent à être soignés pour leur maladie. Ils ne réparent pas l’erreur, ils la rebaptisent.

Cette tribune débute par une déclaration d’empathie envers les patients, dont « le diagnostic ne repose que sur les symptômes ». Pourtant, des techniques d’imagerie variées (TEP-IRM, imagerie nucléaire, TEP-scan) montrent déjà des anomalies liées à la symptomatologie du Covid long. Mais les simples patients n’y ont, pour la plupart d’entre eux, toujours pas accès, et la démarche proposée par les auteurs risque d’organiser l’impasse thérapeutique de patients dont les anomalies somatiques ne correspondent pas aux tests médicaux de routine. Nous sommes à un moment charnière où les biomarqueurs candidats et les imageries doivent pouvoir être validés et déployés, mais les auteurs de la tribune choisissent d’ignorer ces avancées. Ce retour en arrière pourrait les réduire à néant.

Empathie suspecte

Nous demandons précisément l’inverse d’une « science des symptômes » qui deviendrait « un pilier de la recherche et de la formation médicale ». Les symptômes du Covid long ne prennent sens que lorsqu’ils sont reliés à leur cause : virus à tropisme vasculaire, dérégulation immunitaire, persistance virale, atteinte des vaisseaux sanguins, avec des conséquences multisystémiques – neurologiques, cardiaques, métaboliques, etc. Améliorons au plus vite la prise en charge des patients, accélérons les essais cliniques vers des traitements modificateurs de la maladie. Comme le rappelle notre déclaration : « Aucun délai supplémentaire ne saurait être acceptable. »

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