A Besançon : « Les militants de la base, syndiqués ou pas, on se retrouve partout ! »

8 h 30 sur la zone commerciale de Chateaufarine, à Besançon. Ils sont une vingtaine de « gilets jaunes » historiques de la ville à arriver. Présents sur leur rond-point du bowling de Chalezeule tous les samedis depuis le 17 novembre 2018, « qu’il rabasse [pleuve] ou qu’il neige » dit Frédéric Vuillaume, figure du collectif.

Frédéric Vuillaume et quelques « gilets jaunes », rassemblés dans la zone commerciale de Chateaufarine, à Besançon, le 18 septembre 2025.

« Ici on n’est pas assez nombreux pour avoir le luxe de la division », dit une militante (qui n’a pas voulu donner son identité) arrivée parmi un groupe de cyclistes pour rejoindre la bande des « gilets jaunes ». C’est l’avantage des villes moyennes : les luttes convergent. Les premières AG de Bloquons tout se sont « naturellement » tenues sur le rond-point des « gilets jaunes ».

Le 10 septembre fut ici un succès : « on était 6 700 place de la révolution à 14 heures et à 17 h 30 on bloquait la rocade » selon Dilette, aide-soignante retraitée, « gilet jaune » historique, sweat Snoopie et pins de soutien aux soignants suspendus pendant le Covid-19 pour n’avoir pas voulu se vacciner — le petit groupe est aussi monté à Paris pour le convoi de la liberté en 2022. « C’était magnifique y’avait de tout » s’enthousiasme Hedi, 24 ans, un drapeau palestinien noué en cape, aide-ménagère chez 02, 18 ans lors des « gilets jaunes ».

Le pendentif  « gilet jaune » de Frédéric Vuillaume, à Besançon, le 18 septembre 2025.
Le pendentif  « gilet jaune » de Frédéric Vuillaume, à Besançon, le 18 septembre 2025.

A leur tour, ils ne rechignent pas à venir grossir les rangs du cortège organisé par les syndicats ce 18 septembre. « On est des militants de la base avant tout, et les militants de la base, syndiqués ou pas, on se retrouve partout ! » lance Dilette. Frédéric Vuillaume, lui-même syndiqué à Force ouvrière, est le premier à déplorer le fossé qui s’est creusé entre les centrales syndicales et les syndicalistes de la base, comme ils le sont tous ici.

Un groupe de policier vient au contact, échange cordial, rappel des règles, avant de s’en retourner. Frédéric Vuillaume a l’habitude : lui a connu « 11 GAV [garde à vue], 178 heures passées en GAV, 6 procès au pénal, 1 perquisition, 21 amendes ». Témoin depuis les « gilets jaunes » d’une importante judiciarisation des conflits sociaux, il a notamment été soutenu, dans les procédures qui l’ont visé et à l’issue desquelles il a été relaxé, par Amnesty international.

Un groupe de policiers s’approche des manifestants, dans la zone commerciale de Chateaufarine, à Besançon, le 18 septembre 2025.

Pas question de se laisser impressionner et de se démobiliser. « On est des militants pas des trafiquants, on est des manifestants, pas des délinquants. Les délinquants de ce pays sont les cols blancs », assène-t-il, évoquant les procédures pour prises illégales d’intérêts visant des ministres et d’anciens ministres. Et de dénoncer les 211 milliards d’euros « donnés comme ça aux entreprises tandis que l’hôpital et l’école se cassent la gueule ».

Au vu du dispositif policier d’ampleur, l’idée d’aller ouvrir les péages qui avait été décidée à la dernière AG est abandonnée. Direction le lycée Pasteur, en centre-ville, bloqué par les lycéens. Et rendez-vous à 14 heures, place de la révolution — ça ne s’invente pas — pour faire valoir leurs revendications.

Camille Bordenet

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