Le député (non inscrit) de la Vienne Sacha Houlié, lors du discours de politique générale du premier ministre Michel Barnier, à l’Assemblée nationale, le 1er octobre 2024.

Cela en a le goût, cela en a l’odeur, cela en a la couleur, mais ce n’est toujours pas un groupe parlementaire. Dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances, le député (non inscrit) de la Vienne Sacha Houlié s’apprête avec plusieurs élus à présenter une série d’amendements, signés par des députés se revendiquant du « centre gauche », mais issus de groupes parlementaires différents.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Les divisions du camp présidentiel illustrent l’absence de ligne idéologique

Venus d’Ensemble pour la République (EPR), du groupe Démocrates (MoDem), de Liberté, indépendants, outremer, et territoires, ainsi que des élus non inscrits, une quinzaine de parlementaires devraient ainsi apposer leur signature à côté de celle du « marcheur » de la première heure, pour déposer des propositions communes sur les finances publiques. Le collectif envisage également de proposer une candidature symbolique à la vice-présidence de l’Assemblée nationale, laissée vacante après la nomination d’Annie Genevard (Les Républicains) à la tête du ministère de l’agriculture, et dont l’élection a lieu mardi 22 octobre.

L’initiative intervient après trois mois de tentatives infructueuses pour créer un groupe parlementaire. Dès juillet et son départ d’EPR, M. Houlié négociait avec vingt-trois autres députés du camp présidentiel afin de les convaincre de le rejoindre au sein d’une nouvelle structure. Mais sans remporter l’adhésion décisive d’Elisabeth Borne, soucieuse de s’inscrire dans une démarche de « dépassement », plutôt que d’affirmer un positionnement au centre gauche, ni celle d’Agnès Pannier-Runacher, devenue, depuis, ministre de la transition écologique de Michel Barnier.

Contraintes électoralistes

A défaut de groupe, ce sera donc un informel « collectif social-démocrate », dont les amendements sur le budget constituent l’acte de naissance. « La manière dont on incarne le centre gauche par nos propositions est plus importante que la coquille », affirme Stella Dupont (Maine-et-Loire), l’une des rares députées se revendiquant du centre gauche à avoir démissionné d’EPR, comme sa consœur Sophie Errante (Loire-Atlantique). Ces deux départs en appellent d’autres, assure Sacha Houlié, persuadé que l’effritement du groupe présidentiel va se poursuivre, au fur et à mesure que les débats sur l’immigration se muscleront, à la suite de l’annonce d’une nouvelle loi par le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau. « Quelles conséquences vont en tirer ceux qui se placent à gauche ?, fait-il mine de s’interroger. Je ne les juge pas, je les attends. »

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Immigration : le gouvernement met en scène sa ligne dure à Menton

Le député de la Vienne pourrait cependant attendre longtemps. D’après le décompte d’un de ses membres, le « collectif social-démocrate » compte déjà seize députés, ce qui devrait être suffisant pour constituer un groupe à l’Assemblée nationale. Mais les intéressés ne sont pas prêts à franchir le pas, à l’instar du député des Côtes-d’Armor Eric Bothorel, apparenté à Ensemble pour la République. « Il y a une liberté de vote acquise et une liberté pour s’exprimer au sein du groupe EPR plutôt bien entretenue par Gabriel Attal », vante celui qui avait posté le 9 octobre sur X la photo d’une carabine pour illustrer le fait qu’il n’aurait « aucun état d’âme » à voter la prochaine motion de censure contre Michel Barnier.

Il vous reste 38.98% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version