Après trois ans d’intenses négociations pour verdir la nouvelle politique agricole commune (PAC) et à peine un an de mise en œuvre, il n’aura fallu que quelques semaines pour détricoter les mesures environnementales. Après plusieurs mois de mobilisation des agriculteurs à travers l’Europe, les ministres européens de l’agriculture ont entériné, mardi 26 mars, la révision de la PAC proposée le 15 mars par la Commission européenne.

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« Nous avons fait en un mois, ce qu’on fait d’habitude en trois ans, constate Marc Fesneau, le ministre français de l’agriculture. On ne peut pas parler de miracle, mais c’est de l’ordre de l’inattendu. » « Nous avons écouté nos agriculteurs et nous avons pris des mesures rapides pour répondre à leurs préoccupations », confirme David Clarinval, vice-premier ministre belge, en charge de l’agriculture.

Lors du sommet des 21 et 22 mars, les chefs d’Etat et de gouvernement des Vingt-sept avaient exigé des réponses à la colère agricole, notamment la réduction de la charge administrative des agriculteurs induite par la PAC. Alors que les élections européennes se profilent du 6 au 9 juin, que l’extrême droite progresse dans les sondages, tout est désormais bon pour apaiser le secteur, y compris réduire les ambitions environnementales de l’UE.

Dans le cadre du Pacte vert, Bruxelles a déjà retiré son projet de réglementation sur les pesticides, tandis que la loi sur la restauration de la nature, déjà difficilement adoptée au Parlement européen, est aujourd’hui bloquée par huit Etats-membres. Enfin, elle réduit les ambitions du verdissement de la PAC. A Paris, le gouvernement présentera, le 3 avril, un projet de loi agricole profondément remanié qui conforte le modèle productiviste.

Manifestation en marge de la réunion

Mardi, en marge de la réunion, des centaines d’agriculteurs manifestaient leur colère au cœur d’un quartier européen soigneusement gardé, à l’appel d’organisations belges et de la coordination internationale Via Campesina. Selon la police, 250 tracteurs bloquaient les principales voies menant au siège du Conseil, tandis que des échauffourées éclataient entre les manifestants et les forces de l’ordre. Pendant leur mobilisation, d’une bien moindre ampleur que les deux précédentes, les agriculteurs revendiquaient notamment de meilleurs revenus, accusant l’industrie agroalimentaire de « pratiques déloyales » et une remise en cause des accords de libre-échange.

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« On les a clairement entendus, assure David Clarinval, citant non seulement la révision de la PAC, mais également des mesures de simplification administrative déjà annoncée et diverses mesures nationales déjà prises. Ils vont se rendre compte que les choses changent et vont dans le bon sens. » Concernant la révision de la PAC, si le texte n’est pas encore formellement adopté, une majorité des Etats le soutient. « Nous sommes sur le bon chemin », précise M. Fesneau.

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