Près de 2 000 incidents – agressions physiques ou verbales, vols, vandalisme – ont été déclarés par les médecins auprès de leur ordre professionnel en 2024, ce qui représente une hausse « alarmante » de 26 % en un an, selon le recensement officiel publié lundi 29 septembre.
Les médecins ont ainsi signalé 1 992 incidents, dont 1 207 agressions verbales ou menaces, 306 falsifications d’ordonnances, 166 vols ou tentatives, 105 agressions physiques et 104 actes de vandalisme, précise le rapport de l’observatoire national de la sécurité des médecins, publié par l’ordre des médecins.
Le nombre de signalements a « explosé » ces dernières années, après l’épidémie de Covid-19, a alerté le docteur Jean-Jacques Avrane, coordinateur de l’observatoire. Entre 2021 et 2024, il a « pratiquement doublé » (+ 95 %).
Ces données reposent sur les « déclarations volontaires » des médecins à l’aide d’une « fiche de signalement », loin d’être systématiques. Elles sont donc « la face visible de l’iceberg » et traduisent à la fois une progression de la connaissance du dispositif par les praticiens et une hausse « alarmante » de la violence, a estimé M. Avrane. Elles sont à rapporter aux quelque 200 000 médecins en activité régulière en France.
35 % des médecins agressés ont déposé plainte
Les généralistes sont les plus agressés (63 % des déclarations, alors qu’ils représentent 57 % des médecins en France). Mais de nombreux spécialistes sont aussi concernés : les psychiatres (4 %) – en lien notamment avec le trafic de médicaments, comme les substituts aux opiacés –, les ophtalmologues, gynécologues, médecins du travail, cardiologues et dermatologues (2 % chacun).
Les motifs sont principalement des « reproches liés à la prise en charge » (32 % des cas), des refus de prescription (17 %), un temps d’attente ou de rendez-vous jugé excessif (8 %). La falsification de documents (ordonnances, certificat…), longtemps minoritaire, représente désormais « un quart des incidents ». Ces chiffres concernent essentiellement la médecine de ville (74 %). « A l’hôpital, le directeur a tendance peut-être à vouloir directement régler le problème », a commenté M. Avrane.
Seulement 35 % des médecins agressés ont déposé plainte et 7 % une main courante. Pour « casser cette spirale de la violence », l’ordre a signé « une centaine de protocoles » avec des parquets, des agences régionales de santé (ARS) et des forces de l’ordre, pour favoriser le contact direct et une justice plus rapide.
La loi Pradal, promulguée en 2025 mais dont certains décrets manquent, a alourdi les sanctions pour violences et outrages contre les soignants. Elle permettra aussi aux directeurs d’établissement et à l’ordre des médecins de déposer plainte à la place de la victime.