Cette tribune paraît dans « Le Monde de l’éducation ». Si vous êtes abonné au Monde, vous pouvez vous inscrire à cette lettre hebdomadaire en suivant ce lien.
Si la massification du système scolaire est un fait incontestable, on ne peut pas dire qu’il en soit de même de sa démocratisation. Les résultats du Programme international de suivi des acquis des élèves (PISA) 2022, nous l’ont une fois encore montré : en France, le déterminisme social débouche souvent sur un déterminisme scolaire. Nouveauté de cette édition, dévoilée en décembre 2023 : le nombre de jeunes Français de 15 ans considérés par ce programme comme en réussite a sévèrement chuté. C’est très probablement à l’aune de ce dernier résultat qu’il faut comprendre l’origine du « choc des savoirs » voulu par le ministre de l’éducation d’alors, Gabriel Attal, lui-même sous le choc de ces résultats.
Il serait bien présomptueux ici d’écrire ce qu’il conviendrait de faire. Aussi nous contenterons-nous de dégager quelques pistes de réflexion. Commençons par rappeler quatre éléments. Le poids de la dette publique et celui des pensions dans la fonction publique sont énormes et conditionnent donc, pour partie, la marge de manœuvre politique. Nous vivons une compétition mondiale qui requiert la formation d’une élite efficace, diverse et adaptée, répondant aux exigences présentes et, si possible, futures des enjeux mondiaux. Beaucoup des métiers de demain n’existent peut-être pas encore et nécessiteront une grande capacité d’adaptation, de même que beaucoup d’autres disparaîtront peut-être, notamment dans le secteur tertiaire. L’Homo numericus, pour reprendre le titre d’un livre de Daniel Cohen, est en devenir et nos repères traditionnels s’en trouvent bouleversés.
A la fin de l’année 2023, un « choc des savoirs » a donc été décrété afin de « réarmer » l’école. Les plus anciens de la maison ont une nouvelle fois déclaré : « Il est urgent d’attendre ! » La disparition, à la rentrée scolaire 2024, de l’éphémère « heure de soutien et d’approfondissement » en classe de 6e, sans même avoir évalué son niveau d’efficacité et après une seule année d’existence, en fournit une parfaite illustration.
En effet, trop de politiques se sont succédé, l’une chassant l’autre, sans que l’on sache vraiment toujours ce qui avait fonctionné ou non, lassant un peu plus à chaque fois ceux qui devaient les appliquer. On peut même se demander si l’Etat a encore les moyens voire la volonté de piloter l’école. Autrement dit, l’échelon national est-il encore le plus pertinent pour changer l’école ?
Il vous reste 62.21% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.