Benyamin Nétanyahou a beau dénoncer un « mensonge éhonté », la reconnaissance par l’Organisation des Nations unies (ONU), vendredi 22 août, qu’une famine est bel et bien en cours dans la bande Gaza, constitue un revers diplomatique, voire judiciaire, de taille pour le chef du gouvernement de l’Etat hébreu. Jusqu’ici, les autorités israéliennes ont nié tout risque de famine, en dépit du blocus humanitaire total imposé à la bande de Gaza au printemps, qu’Israël a légèrement assoupli au fil de l’été, tout en continuant à entraver le travail des ONG dans l’enclave contrôlée par le Hamas.

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Le constat du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), une instance onusienne qui a son siège à Rome, est sans appel : d’après cet organisme rassemblant de grandes ONG et les agences onusiennes compétentes en la matière – comme le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) –, plus d’un demi-million de personnes affrontent à Gaza des conditions « catastrophiques », le niveau de détresse alimentaire le plus élevé, caractérisé par la famine et la mort. Cette situation « aurait pu être évitée » sans « l’obstruction systématique d’Israël », a accusé le responsable de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU, Tom Fletcher. Le PAM, l’OMS, l’Unicef, et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture ont appelé à « un cessez-le-feu immédiat » et à l’envoi massif, sans obstacle, de l’aide humanitaire.

Les réactions diplomatiques sont restées isolées. Le ministre britannique des affaires étrangères, David Lammy, a jugé que l’état de famine dans le territoire palestinien constituait un « scandale moral », d’autant plus qu’il aurait pu être « totalement évitable » : « Le refus du gouvernement israélien de laisser entrer une aide suffisante à Gaza a provoqué cette catastrophe d’origine humaine », a-t-il jugé. L’Arabie saoudite a exprimé sa « profonde préoccupation » et sa « condamnation des crimes de génocide perpétrés par l’armée d’occupation israélienne à l’encontre des civils ». La diplomatie française s’est gardée de réagir dès vendredi, alors que Jean-Noël Barrot avait dénoncé fin juillet une « situation intolérable », du fait de « la malnutrition aiguë et de la famine à Gaza ».

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