Après un mois de discussion budgétaire, l’Assemblée nationale reste plus que jamais enfermée dans sa bulle. Dans la nuit de vendredi 21 à samedi 22 novembre, sur 577 députés, un seul a voté en faveur de la partie recettes du projet de loi de finances. Ce vote à la quasi-unanimité entraîne le rejet de l’ensemble du texte, une première sous la Ve République.

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Chaque parti a obtenu ses petites victoires. La gauche a eu sa ration de nouvelles taxes. Le Rassemblement national (RN), autoproclamé nouveau « parti des entreprises », n’en a pas moins obtenu un nouvel impôt sur la fortune « improductive » et un impôt « universel » sur les multinationales. Renaissance a réussi à repousser la taxe Zucman, a « sauvé » le pacte Dutreil et le crédit d’impôt recherche. La droite peut se satisfaire de la défiscalisation totale des heures supplémentaires.

Mais, finalement, ces trophées ne sont pas d’une grande utilité, car ils sont perçus par le camp d’en face comme des repoussoirs absolus. Ni les uns, ni les autres, ne peuvent voter un texte qui franchit dans tous les sens les lignes rouges qu’ils se sont respectivement fixées. Ce « budget Frankenstein », sans aucune orientation politique, est invotable. Le texte sera, bien entendu, entièrement réécrit par le Sénat avant d’être rediscuté en commission mixte paritaire. Mais, les mêmes causes produisant les mêmes effets, les chances que la France dispose d’un budget à Noël semblent bien minces.

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La gravité de la situation n’a créé aucun sursaut, bien au contraire. Les faux-semblants, les postures, l’électoralisme ont eu raison de la responsabilité collective. On détricote la politique de l’offre, on suspend la réforme des retraites, on rajoute de nouvelles prestations sociales sans renoncer aux actuelles, l’impôt est érigé en remède universel pour colmater les voies d’eau. Une fois encore, la facilité l’emporte en reportant les choix impopulaires à plus tard.

Strangulation lente et mortifère

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