Le nouvel axe formé par Donald Trump et Vladimir Poutine compromet sérieusement l’avenir européen de l’Ukraine. Pratiquement lâché par Washington dans les pourparlers saoudiens, le pays se retrouve à la merci de son pire ennemi, qui n’a pas renoncé à l’objectif d’y réinstaller un régime à sa botte. Un cessez-le-feu provisoire ne suffira pas à l’en dissuader. Les Ukrainiens n’ont plus que les Européens comme véritables alliés. Pour arrêter la guerre, ils ont besoin avant tout de garanties de sécurité crédibles, avec une force de maintien de la paix importante. Mais aussi d’être assurés de pouvoir rejoindre l’Union européenne (UE), gage de sortie durable de l’emprise russe, comme l’ont accompli les Baltes avant eux et comme y aspirent Moldaves et Géorgiens. Un statut d’Etat associé à l’UE peut en montrer la voie la plus sûre.
La première décision du président Volodymyr Zelensky au lendemain de l’invasion russe du 24 février 2022 fut de demander l’adhésion à l’UE de l’Ukraine, qui aspire à sa vocation européenne tant affirmée à Maïdan en 2014. La candidature fut très rapidement acceptée par les Vingt-Sept. Les négociations d’adhésion ont officiellement commencé en juin 2024. Mais l’exigeant processus d’élargissement ne saurait être bradé. Une entrée de l’Ukraine dans l’Union « avant 2030 », comme l’a avancé Ursula von der Leyen, paraît présomptueuse. Même assortie de phases transitoires à rallonge. L’unanimité requise pour ratifier son traité d’adhésion, l’incertitude sur ses frontières et l’étendue des réformes à accomplir sont autant d’obstacles pour faire de l’Ukraine un Etat membre du jour au lendemain.
Les Européens risquent pourtant d’être quasi sommés de l’accepter. A la différence des pays d’Europe centrale et orientale après la chute du rideau de fer, l’Ukraine se voit refuser de rejoindre l’OTAN. A contrario, son entrée dans l’UE devient plus encore comme un dû. Même la Russie déclare publiquement ne pas s’y opposer. Mais nul doute qu’elle en sabotera le processus. Laisser émerger une démocratie libérale à sa porte apparaît trop menaçant au régime de Poutine. Le risque d’ingérence russe interdit de poursuivre les négociations d’adhésion comme si de rien n’était. Pire, de les laisser s’enliser une fois la guerre terminée. Sans les précipiter pour autant. Cette situation inédite appelle une solution inédite : accorder à l’Ukraine une préadhésion à l’UE par un statut d’Etat associé qui l’arrime solidement aux Vingt-Sept.
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