Devant les portes de la mairie, aux Saintes-Maries-de-la-Mer, capitale de la Camargue (Bouches-du-Rhône), à quelques mètres des plages, une trentaine de riziculteurs préparent un risotto géant, ce vendredi 12 avril. Au même moment, à l’hôtel de ville, se déroule le conseil municipal. « On va montrer à madame la maire que notre riz est le meilleur », tonne le président du syndicat des riziculteurs, Bertrand Mazel, qui organise la manifestation.

Depuis une semaine, en Camargue, le sujet de l’Avanza suscite de grosses tensions. En cause, l’autorisation dérogatoire, au titre de l’« urgence phytosanitaire », accordée par le ministère de l’agriculture, pour utiliser cet herbicide jugé toxique (15 mars-15 juillet), dévoilée le 27 mars par le journaliste Hugo Clément.

La maire des Saintes-Maries-de-la-Mer, Christelle Aillet (Les Républicains), avait la première réagi au moyen d’un communiqué de presse virulent, le 30 mars. S’inquiétant du danger pour l’eau potable, elle affirmait se réserver aussi le droit de demander un référé-suspension (une procédure d’urgence) pour suspendre l’autorisation délivrée. Depuis, les maires d’autres communes concernées ont apporté leur soutien aux riziculteurs, et Christelle Aillet ne répond plus aux sollicitations.

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Avant le semis de riz, le couvert végétal des parcelles est fauché, le foin nourrira les animaux. A Arles, le 10 avril 2024.

Dans ce delta du Rhône, vaste zone humide abritant une riche biodiversité, le sujet concentre des enjeux agricoles, économiques, environnementaux mais aussi de santé publique. L’herbicide en question, qui n’est pas homologué au niveau européen, contient des molécules très toxiques pour les milieux aquatiques, d’après l’Agence européenne des produits chimiques. Il est utilisé par les agriculteurs de Camargue depuis 2021, pour désherber les rizières, dont les eaux rejoignent ensuite soit l’étang de Vaccarès, soit le Petit-Rhône. Là même où est installée la station de pompage des Saintes-Maries-de-la-Mer, ville de 2 600 habitants, qui accueille de nombreux touristes l’été.

Des « normes toujours plus contraignantes »

Sur place, les langues sont difficiles à délier pour évoquer le sujet. Ici, beaucoup considèrent la riziculture, qui façonne le paysage, comme essentielle. Mercredi 10 avril, le vent souffle fort en Camargue. Dans son exploitation, quadrillée par de nombreuses roubines (petits canaux), qui permettent le va-et-vient de l’eau, Frédéric Bon, 38 ans, casquette vissée sur la tête, rejoint les rizières au volant de son 4 × 4. A cette période de l’année, elles ne sont pas encore en eau. Un couvert végétal protège le sol. « On le fauche pour en faire des ballots de foin pour nos bêtes », explique l’agriculteur.

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