• Nestlé a annoncé ce lundi 1er septembre avoir licencié son directeur général, le Français Laurent Freixe.
  • La multinationale a justifié sa décision par « une relation amoureuse non déclarée avec une subordonnée directe ».
  • Peut-on se faire licencier pour une liaison avec un collègue en France ? Explications.

« Le départ de Laurent Freixe fait suite à une enquête concernant une relation amoureuse non déclarée avec une subordonnée directe, ce qui constitue une infraction au Code de conduite professionnelle de Nestlé. » C’est en ces mots que la multinationale suisse a justifié le licenciement à effet immédiat de son directeur général, ce lundi 1ᵉʳ septembre, dans un communiqué. Quelles sont les règles en France ? Peut-on être licencié pour avoir entretenu une liaison au travail ?

« La question des relations amoureuses au travail est très complexe, parce qu’on est à la limite entre deux sphères qui s’opposent radicalement : la vie personnelle et la vie professionnelle », constate Maître Christophe Noel, avocat en droit du travail. Cependant, conformément au Code civil et au Code du travail, la règle est la suivante : « L’employeur ne peut pas invoquer des faits qui relèvent de la vie personnelle d’un salarié pour le licencier », à moins de pouvoir « démontrer un manquement de ce salarié à une obligation qui découle de son contrat de travail. »

« Devoir de loyauté »

En général, ces litiges concernent des figures dirigeantes entretenant des relations avec des subordonnés, souligne l’avocat. « Ce que les employeurs reprochent le plus souvent à leurs cadres, ce n’est pas tant d’avoir une relation amoureuse, c’est de l’avoir dissimulée », note-t-il. Les employeurs dénoncent alors un manquement au « devoir de loyauté » envers l’entreprise, inscrit dans le contrat. 

Cependant,« la plupart du temps, cela repose uniquement sur la suspicion : on considère qu’il y a un possible conflit d’intérêt, une possible déloyauté, mais on n’en a pas la preuve », juge Me Christophe Noel. Or, si la Cour de cassation a pu, par le passé, rendre des décisions contradictoires dans de telles affaires, l’avocat note une évolution récente en faveur de la « protection de l’intimité de la vie privée ». Aujourd’hui, estime-t-il, « il faudrait qu’il y ait plus qu’un risque de conflit d’intérêt. Il faudrait que l’employeur démontre que le conflit d’intérêt a débouché sur des actes malveillants. »

Contraire au Code de conduite de l’entreprise

Dans le cas de Nestlé, la multinationale suisse souligne que « Monsieur Freixe a enfreint notre Code de conduite professionnelle qui s’applique à tous les employés de Nestlé, partout dans le monde. » Ce Code de conduite, disponible en ligne, dispose en effet que « les relations de reporting direct entre les membres de la famille, les partenaires et les proches associés ne sont pas autorisées. » Par ailleurs, « les lignes de reporting indirectes doivent être déclarées et évaluées au cas par cas. »

Mais selon Me Christophe Noel, « ce n’est pas parce que quelque chose est marqué dans une charte interne que cela a la moindre portée devant les tribunaux. » Au contraire, à en croire la jurisprudence française, « toutes les clauses qui, dans les chartes éthiques ou les règlements intérieurs, restreignent, limitent ou interdisent les relations intimes au travail, ont été déclarées nulles. »

Isabelle MISSIAEN

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