La police française est-elle, en matière de gestion des foules, plus violente qu’elle ne l’était dans les années 2010 ? Pour répondre à cette question, deux chercheurs du laboratoire de sciences sociales Pacte, une unité mixte de recherche du CNRS, de l’université Grenoble-Alpes et de Sciences Po Grenoble, ont analysé les stratégies de maintien de l’ordre lors de deux grandes mobilisations comparables – les défilés contre la réforme des retraites de 2010 et de 2023.

Publiés par la revue juridique Civitas Europa en décembre 2024, ces travaux très documentés menés par Sebastian Roché, directeur de recherche au CNRS, et la doctorante Laural Miller, de l’Ecole des hautes études en sciences sociales et de l’université Grenoble-Alpes, concluent à une « escalade de la violence » du côté des forces de l’ordre.

Si les blessés et les morts sont nettement plus nombreux lors des manifestations de 2023 que pendant celles de 2010, c’est, selon les chercheurs, parce que les autorités ont choisi « un maintien de l’ordre plus agressif ». Alors que nombre de pays occidentaux s’orientent, depuis quelques décennies, vers une gestion pacifiée des foules fondée sur le principe de la « désescalade », la France fait prévaloir, concluent-ils, une « doctrine (informelle) d’escalade de la violence ».

Nous avons demandé au politiste Sebastian Roché, coauteur de La Police contre la rue (Grasset, 2023), de nous détailler les conclusions de ce travail.

Dans votre étude, vous comparez la stratégie de maintien de l’ordre de la police lors des manifestations contre la réforme des retraites de 2010 et de 2023. Pourquoi avoir mis en regard ces deux événements ?

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