Une fois la gare de Stralsund, ville du nord de l’Allemagne, dépassée, on sait que l’île de Rügen n’est plus très loin. De Berlin, sur la ligne de train dite « nordique » reliant la capitale allemande à la Poméranie, les paysages environnants se sont déjà transformés durant les trois heures de voyage. De plus en plus verts, de plus en plus boisés, ils racontent cette région côtière de l’Europe centrale partagée depuis 1945 entre l’Allemagne et la Pologne. Poméranie, nom intriguant, signifie littéralement « au bord de la mer », en l’occurrence ici la fascinante Baltique qui relie à elle seule neuf pays, du Danemark à la Russie.

C’est dans ce riche décor naturel que Rügen surgit, la plus grande île d’Allemagne avec 570 kilomètres de côtes, la plus ensoleillée aussi. Les rails longent de magnifiques lagunes (Bodden). Les bandes d’herbes sèches et d’eau bleu sombre qui s’entrecroisent ainsi sont un sécurisant repère pour de nombreuses espèces d’oiseaux. En automne s’ajoutent ceux de passage, qui, suivant les routes de migration, viennent y faire halte, comme ces dizaines de milliers de grues cendrées dont les cris cacophoniques déchirent le ciel. Dans les bancs sableux, de graciles hérons cendrés se mélangent aux oies et aux canards. En fin de journée, juste à la fin de l’heure dorée, avec une fine brume humide émergeant à la surface de l’eau, on se croirait pris dans un mirage, du petit train presque vide qui ondule.

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