La tension est à son comble entre l’Inde et le Pakistan depuis un attenant meurtrier perpétré au Cachemire indien fin avril.
Après avoir suspendu sa participation à un traité sur le partage des eaux entre les deux pays, signé il y a 65 ans, l’Inde veut aller encore plus loin en arrêtant l’eau des fleuves qui prennent leur source sur son sol.
Cette eau « sera désormais stoppée pour servir les intérêts de l’Inde », a annoncé son Premier ministre Narendra Modi.

Après deux semaines d’escalade de tensions, c’est désormais le scénario du pire qui semble se confirmer : l’Inde a déclaré la guerre de l’eau au Pakistan (nouvelle fenêtre) mardi 6 avril. Elle a annoncé qu’elle allait « couper l’eau » des fleuves qui prennent leur source sur son territoire et irriguent son voisin, en représailles à l’attentat meurtrier commis au Cachemire indien fin avril. « L’eau appartenant à l’Inde s’écoulait jusque-là vers l’extérieur, elle sera désormais stoppée pour servir les intérêts de l’Inde et sera utilisée pour le pays », a déclaré le Premier ministre indien Narendra Modi lors d’un discours public. 

L’Inde avait déjà suspendu sa participation à un traité de partage des eaux signé en 1960 avec le Pakistan en représailles à l’attentat qui a fait 26 morts (nouvelle fenêtre) le 22 avril dernier dans la ville touristique de Pahalgam, dans le Cachemire indien. Même si cette attaque n’avait pas été revendiquée, New Delhi a mis en cause la responsabilité d’Islamabad, qui l’a catégoriquement démentie. Les deux pays sont sur le pied de guerre (nouvelle fenêtre) depuis cet attentat, le plus meurtrier visant des civils commis depuis plus de vingt ans dans la partie indienne de cette région à majorité musulmane.

Le débit d’un fleuve « considérablement réduit du jour au lendemain », selon le Pakistan

Quelques heures avant la déclaration de Narendra Modi, le Pakistan a accusé l’Inde de modifier le débit du fleuve Chenab, l’un des trois placés sous son contrôle selon le traité de 1960. « On a remarqué des changements sur le Chenab qui n’ont rien de naturel (…) le débit du fleuve, normal, a été considérablement réduit du jour au lendemain », a déclaré à l’AFP Kazim Pirzada, ministre de l’Irrigation du Pendjab. Située à la frontière de l’Inde, cette province, qui compte près de la moitié des 240 millions de Pakistanais, est le cœur agricole du pays.

Après la décision indienne de suspendre unilatéralement le traité, le Pakistan avait prévenu que toute tentative de perturber le débit de ces fleuves serait considérée comme « un acte de guerre ». Ce document signé par les deux pays, nés de leur indépendance sur l’Empire britannique en 1947, partage le contrôle du bassin de six cours d’eau du Cachemire (nouvelle fenêtre) qui se rejoignent en aval pour grossir l’Indus sur le territoire pakistanais. Il accorde à New Delhi le droit d’utiliser les fleuves partagés pour ses barrages ou ses cultures, mais lui interdit de détourner des cours d’eau ou d’altérer le volume d’eau en aval.

L’annonce indienne intervient alors que les tensions bilatérales sont au plus haut. De nombreux experts et les populations redoutent une confrontation militaire entre les deux puissances nucléaires, qui se sont déjà livrées plusieurs guerres (nouvelle fenêtre). Depuis une dizaine de nuits, soldats indiens et pakistanais échangent des tirs d’armes légères le long de la frontière qui sépare leurs pays. Sans avoir fait de victimes pour l’instant, selon New Delhi. 

Ces derniers jours, le Pakistan a de son côté procédé à deux tirs d’essai de missiles sol-sol. Celui, qui avait été conduit samedi dernier, concernait un engin d’une portée de 450 km, la distance qui sépare la frontière pakistanaise de la capitale indienne New Delhi. Dans ce climat, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a exhorté lundi les deux pays à « s’éloigner du précipice ».  

M.L. avec AFP

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