
Les athlètes israéliens qui devaient disputer les Championnats du monde de gymnastique artistique à Djakarta, du 19 au 25 octobre, ne pourront pas entrer sur le territoire indonésien : les autorités de l’archipel ont annoncé, jeudi 9 octobre, avoir annulé leur visa.
« Le gouvernement a une politique fermement établie de ne pas avoir de contact avec Israël tant que celui-ci ne reconnaîtra pas l’existence d’une Palestine libre et souveraine », a justifié dans une vidéo le ministre du droit et des affaires juridiques du pays, Yusril Ihza Mahendra. Une décision prise malgré l’annonce, quelques heures plus tôt, d’un accord entre l’Etat Hébreu et le Hamas sur un cessez-le-feu et la libération des otages pour mettre un terme à deux années de guerre dévastatrice dans la bande de Gaza.
Israël figure parmi les 86 pays censés participer aux Mondiaux, avec une équipe emmenée par Artem Dolgopyat, champion olympique à Tokyo en 2021 et champion du monde en titre au sol. En juillet, sa fédération de gymnastique avait fait savoir que des responsables de l’archipel lui avaient garanti qu’elle serait la bienvenue lors de l’événement. Yusril Ihza Mahendra a reconnu que la fédération indonésienne avait bien déposé une lettre de parrainage pour permettre à six athlètes israéliens d’obtenir des visas, mais celle-ci « a été retirée ».
La participation d’une délégation de l’Etat hébreu à l’événement a suscité une vive opposition dans l’archipel, qui abrite la plus grande population musulmane du monde et a toujours été un fervent soutien de la cause palestinienne. Ces derniers jours, plusieurs responsables politiques et organisations musulmanes modérées du pays avaient intensifié leurs appels pour que celle-ci soit exclue de la compétition.
A cela s’était ajouté un flot de commentaires indignés sur les réseaux sociaux, pointant la catastrophe humanitaire en cours à Gaza. « Leur présence déclencherait évidemment la colère publique », avait ainsi déclaré le gouverneur de Djakarta, Pramono Anung, mercredi, devant des journalistes.
Des demandes de sanctions
Dans sa vidéo, Yusril Ihza Mahendra a assuré que cette décision était conforme aux directives du président indonésien, Prabowo Subianto, notamment dans son récent discours à l’Assemblée générale des Nations unies, où celui-ci a fermement condamné Israël pour ses attaques sur l’enclave.
Ce refus s’inscrit aussi dans une politique ancienne : depuis les Jeux asiatiques de 1962, l’Indonésie s’est toujours opposée à l’accueil de délégations sportives de l’Etat hébreu lors de grands événements. L’archipel avait même été privé, en 2023, de l’organisation de la Coupe du monde masculine de football des moins de 20 ans, deux mois avant le début du tournoi, pour cette raison.
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Le cas des Mondiaux de gymnastique est le dernier exemple en date de la manière dont la contestation mondiale contre Israël, en raison du lourd bilan humanitaire à Gaza, s’est étendue au domaine du sport. De plus en plus de voix s’élèvent pour demander la mise au ban de ses équipes nationales ou de club, sur le modèle des sanctions prises contre la Russie après son invasion à grande échelle de l’Ukraine en février 2022.
Dans ce contexte, l’équipe cycliste Israel Premier Tech a annoncé lundi qu’elle changeait de nom et s’éloignait de son identité nationale. La formation avait récemment été exclue du Tour d’Emilie, en Italie, « pour raisons de sécurité publique », après que la Vuelta espagnole eut été à plusieurs reprises perturbée par des manifestations propalestiniennes en septembre. On a appris, jeudi, qu’elle ne sera pas non plus au départ du dernier monument de la saison – les courses d’un jour les plus prestigieuses du calendrier –, le Tour de Lombardie, dimanche 12 octobre.
En football, le match de qualification de la sélection nationale pour la Coupe du monde 2026, prévu lundi, en Italie, devrait attirer davantage de manifestants propalestiniens à l’extérieur du stade d’Udine que de spectateurs détenteurs de billets à l’intérieur.