
Le conseiller principal du Guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a déclaré, samedi 9 août, que son pays n’autoriserait pas la création d’un corridor dans le Caucase, qui relierait l’Azerbaïdjan à son enclave du Nakhitchevan, un projet soutenu par le président américain, Donald Trump. « La mise en œuvre de ce complot mettrait en danger la sécurité du Caucase du sud et l’Iran a souligné qu’avec ou sans la Russie, il agirait pour garantir la sécurité du Caucase du sud », a affirmé Ali Akbar Velayati à l’agence Tasnim.
L’accord, conclu vendredi à Washington par le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, et le premier ministre arménien, Nikol Pachinian, met fin au conflit territorial opposant leurs pays depuis des décennies. Il prévoit la création d’une zone de transit traversant l’Arménie pour relier l’Azerbaïdjan à son enclave du Nakhitchevan, une revendication de longue date de Bakou.
Les Etats-Unis disposeront de droits de développement pour le corridor, baptisé « Voie Trump pour la paix et la prospérité internationale », dans cette région stratégique et riche en hydrocarbures. L’Iran s’oppose depuis longtemps à ce corridor, craignant qu’il ne le coupe du Caucase et n’amène une présence étrangère à sa frontière.
Puissance régionale dans le Caucase, la Russie a, de son côté, prudemment salué l’accord de Washington. « Nous espérons que cette initiative contribuera à faire avancer le programme de paix », a commenté, samedi, le ministère des affaires étrangères russe, considérant que cette rencontre entre les dirigeants arménien et azerbaïdjanais a été « positive ».
Moscou, qui multiplie aussi les efforts diplomatiques depuis des années concernant les relations entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, a cependant souligné la nécessité pour ces pays d’avoir un « dialogue direct, sans aide extérieure ». « L’implication d’acteurs extrarégionaux doit contribuer à renforcer le programme de paix et ne pas créer de difficultés supplémentaires », a averti le ministère russe.
Bien que la Russie reste un proche allié de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan, les relations qu’elle entretient avec ces Etats se sont fortement détériorées ces deux dernières années, au point qu’ils se tournent de plus en plus vers les Occidentaux.
« La paix a été obtenue »
L’OTAN s’est plus résolument félicitée du projet d’accord de Washington, évoquant « un pas en avant significatif » et des « progrès vers la paix ». Paris, Londres et la Commission européenne ont également manifesté leur satisfaction. L’ONU s’est pour sa part réjouie d’une « étape importante dans la normalisation des relations entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan ».
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Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a jugé, à l’issue d’une conversation téléphonique avec son homologue et allié azerbaïdjanais, Ilham Aliev, que « les progrès réalisés vers la paix » étaient « satisfaisants ». Si l’Iran s’oppose au corridor, le ministre des affaires étrangères iranien, Abbas Araghtchi, a toutefois salué l’accord de paix entre Erevan et Bakou négocié par Washington, mais mis en garde, comme Moscou, contre « toute intervention étrangère » dans le Caucase.
Selon le projet d’accord conclu à Washington vendredi, l’Arménie et l’Azerbaïdjan « s’engagent à cesser définitivement tout conflit, à ouvrir les relations commerciales et diplomatiques et à respecter la souveraineté et l’intégralité territoriales » de chacune, selon Donald Trump. On ignore, toutefois, si cet engagement est ou non contraignant.
Après la signature du texte, le premier ministre arménien, Nikol Pachinian, a néanmoins salué une « paix » historique avec l’Azerbaïdjan. « Depuis des mois, je répète qu’il n’y aura pas de guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, qu’il y aura la paix. Aujourd’hui, nous pouvons dire que la paix a été obtenue », a déclaré M. Pachinian, qui fait face à un mouvement de contestation dans son pays pour sa politique envers son voisin.
Le conflit territorial entre les deux pays concerne notamment le Karabakh, une enclave montagneuse qui a été au centre de deux guerres, l’une à la chute de l’URSS et l’autre en 2020. L’Azerbaïdjan l’a finalement repris aux séparatistes arméniens à l’issue d’une offensive éclair en 2023. Bakou et Erevan tentent depuis des mois de s’entendre sur un accord de paix. L’Azerbaïdjan avait présenté une liste d’exigences à l’Arménie, dont l’ajout d’amendements à la Constitution incluant l’abandon de toute revendication territoriale sur le Karabakh.