Claudio Descalzi (premier plan, à gauche), PDG d’ENI et Farhat Bengdara (premier plan à droite), patron de la compagnie pétrolière libyenne lors de la signature d’un accord bilatéral, avec la présidente du conseil italien, Giorgia Meloni (arrière-plan), et le premier ministre libyen, Abdulhamid Dbeibah (arrière-plan), à Tripoli, le 28 janvier 2023.

Avec une carte du bassin méditerranéen sous les yeux, l’idée frappe comme une évidence géopolitique. Au sud, les immensités africaines avec leurs ressources en hydrocarbures et leur potentiel en matière d’énergies renouvelables. Au nord, des économies européennes condamnées à se sevrer du gaz russe depuis l’invasion de l’Ukraine par Moscou, en février 2022. Au centre, la péninsule italienne, qui s’élance tel un pont entre les deux continents, comme appelée par la géographie à se placer au cœur de la nouvelle donne énergétique en Méditerranée.

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Un appel d’autant plus intense que l’Italie, qui dépendait à 40 % de la Russie pour ses fournitures en gaz avant la guerre, a dû diversifier d’urgence ses sources d’approvisionnement, le méthane représentant la moitié de son mix énergétique. Dans les mois qui ont suivi l’invasion, Rome et l’entreprise italienne d’hydrocarbures ENI ont mené de concert et sous l’égide de Mario Draghi, alors président du conseil, une campagne effrénée auprès des pays producteurs.

Depuis son arrivée au pouvoir, en octobre 2022, la présidente du conseil italien, Giorgia Meloni, a fait siennes ces ambitions. Elle veut faire de l’Italie un « hub énergétique », en misant notamment sur le transport de gaz – quitte à retarder la sortie des énergies fossiles. Pour cela, elle a reconduit Claudio Descalzi à la tête d’ENI, artisan du développement des activités de l’entreprise en Afrique. Avec lui, elle a poursuivi les efforts entamés par son prédécesseur en matière de diplomatie gazière. Des sept pays africains qu’elle a visités depuis le début de son mandat, six sont des partenaires du géant italien des hydrocarbures.

« Volonté de projection géostratégique »

Rome s’est tourné vers l’Algérie pour accroître les volumes passant par le gazoduc Transmed, qui relie les deux pays via la Tunisie. Alger a ainsi remplacé la Russie comme premier exportateur de méthane vers l’Italie. ENI a aussi signé en Libye un contrat à 8 milliards de dollars (7,5 milliards d’euros) impliquant une augmentation des livraisons via le gazoduc Greenstream. Au Qatar, l’entreprise a conclu un accord prévoyant la fourniture de 1,5 milliard de mètres cubes de GNL à partir de 2026, pour une durée de vingt-sept ans.

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Pour l’exécutif italien, augmenter la capacité des gazoducs qui relient le pays aux champs algériens, libyens mais aussi azerbaïdjanais via le gazoduc trans-adriatique, tout en diversifiant rapidement les sources d’approvisionnement, fera de l’Italie une plaque incontournable vers des marchés européens sevrés du gaz russe. « Dans des pays-clés, ENI est le premier opérateur international et joue un rôle dans la réalisation de cette vision », fait-on savoir au sein de l’entreprise nationale des hydrocarbures.

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