
Rencontre
Il était une fois, il y a bien longtemps, quatre petites filles blondes sur une péniche, remontant le canal du Midi avec leur père. Une vie rêvée au rythme lent du bateau, entre l’eau, le ciel et le soleil, les balades à vélo à l’ombre de lourds platanes au feuillage luxuriant. Mais, dans les images d’enfance de Raphaëlle Peria, les feuillages et les troncs se voient parés d’étranges copeaux blancs : ces hachures, raclures, rognures méticuleusement creusées une à une à même le papier photographique dessinent de nouvelles feuilles sur les arbres, plantent au sol des végétaux inconnus, font surgir des jungles et même des grottes. Dans les paysages aux teintes mordorées, les enfants hissent la voile d’un canot et partent à l’aventure vers des contrées fantastiques.
L’artiste, qui a remporté le prix BMW Art Makers 2025, en janvier, avec la curatrice Fanny Robin (par ailleurs directrice artistique de la Fondation Bullukian), expose aux Rencontres d’Arles son projet « Traversée du fragment manquant ». Elle a fait de la photo grattée sa spécialité, voire son langage. « Aujourd’hui, je regarde un paysage et, avant même de prendre la photo, je vois déjà ce que je vais en faire : là, ce sera une gouge de 9, là, une gouge de 12, et cet arbre-là, il sera à la pointe sèche ! » Une façon pour cette trentenaire formée à la gravure et au dessin aux Beaux-Arts de contrer sa frustration face à l’image fixe, limitée par ses deux dimensions.
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