
Lorsque l’avocat argentin Sebastian Sal reçoit, en 2021, un message de plusieurs femmes voulant intenter une action en justice contre l’Opus Dei, puissante institution catholique conservatrice regroupant clercs et laïcs, il pense qu’il s’agit d’une simple affaire de droit social. Elles sont nombreuses, lui expliquent-elles, à avoir travaillé pour l’organisation depuis les années 1970 sans qu’aucune cotisation sociale ne soit faite en leur nom et ne leur ouvre droit à une retraite. Très vite pourtant, en discutant avec les plaignantes, l’avocat comprend qu’il s’agit là d’une affaire criminelle bien plus vaste que ce qu’il imaginait : un réseau de traite d’êtres humains qui pourrait impliquer des dirigeants de première importance de l’Opus Dei.
Dès 2021, 43 femmes accusent l’organisation de les avoir éloignées de leurs familles afin de les faire travailler comme domestiques sans aucun salaire et dans des conditions particulièrement difficiles, entre 1974 et 2015, dans plusieurs résidences appartenant à l’Opus Dei. La justice argentine, qui a jugé la plainte d’au moins une d’entre elles recevable, a enquêté pendant plusieurs mois avant de mettre en cause quatre dirigeants argentins de l’ordre en 2024. Pour ce faire, le parquet a entendu le témoignage de plusieurs dizaines de ces femmes.
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