En lançant ses chars à l’assaut de l’Ukraine, le 24 février 2022, Vladimir Poutine a brutalement réintroduit la guerre au cœur du continent européen – un fait difficilement contestable. Il aurait également brisé l’ordre international né de la seconde guerre mondiale – une affirmation en revanche plus discutable.

La seconde guerre mondiale a bien entendu enfanté un nouvel ordre international, appelé par surcroît à se pérenniser. Sur le plan des rapports de force, tout d’abord, en consacrant l’émergence de deux superpuissances, les Etats-Unis et l’Union soviétique, et en signant corrélativement le déclassement des Etats européens, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni au premier chef. En maintenant, ensuite, les cadres posés par les traités consécutifs à la victoire alliée de 1918.

Alors que la Grande Guerre avait provoqué un big bang marqué par la floraison de nouveaux Etats sur le Vieux Continent, les frontières héritées de l’entre-deux-guerres ont globalement été respectées, à quelques ajustements près – la ligne Oder-Neisse [frontière germano-polonaise], par exemple. Plus significatif encore, les pays vaincus en 1945 ont accepté sans broncher leur défaite, alors que Berlin n’avait cessé, durant l’entre-deux-guerres, d’attiser un révisionnisme délétère qui allait déboucher, en 1939, sur un nouvel embrasement.

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Ajoutons, enfin, que de la seconde guerre mondiale est née l’Organisation des Nations unies (ONU) censée garantir la paix à la planète. Dans l’esprit de Franklin D. Roosevelt, l’ONU était appelée à maintenir la concorde, une mission que la Société des nations avait été incapable d’assumer.

Une paix toute relative

On sait ce qu’il en advint. Dès 1947, la guerre froide structura les relations internationales et aboutit à créer deux blocs rivaux, dont l’OTAN, en 1949, puis le Pacte de Varsovie, en 1955, assuraient la cohésion sur le plan militaire, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et le Conseil d’assistance économique mutuelle (CAEM) veillant à leur solidarité économique.

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