Deux femmes ont vandalisé cinq tableaux dont « L’Origine du monde » de Gustave Courbet ce lundi à Metz.
Une action visant à dénoncer les violences sexuelles subies par les femmes dans l’industrie artistique, selon leur avocate.
Elles ont été mises en examen pour « dégradation en réunion d’un bien culturel et vol en réunion d’un bien culturel ».

Acte criminel ou performance artistique ? Les deux à la fois ? Les militantes féministes Eva Vocz et Laure Pépin ont été mises en examen mardi pour « dégradation en réunion d’un bien culturel et vol en réunion d’un bien culturel » après les tags commis lundi sur cinq œuvres au Centre Pompidou-Metz dont L’Origine du monde de Gustave Courbet.

« Elles sont toutes les deux placées sous contrôle judiciaire avec interdiction de contact entre elles« , indique à l’AFP Yves Badorc, procureur de la République à Metz. L’une des oeuvres « pourrait avoir été atteinte dans son intégrité » mais ce n’est pas L’Origine du monde « qui était protégée par une vitre« , précise-t-il.

Ce geste pictural vient questionner les limites de la liberté de création des femmes. Il faut l’entendre comme un cri

L’avocate de l’une des deux militantes

Dans un communiqué transmis à l’AFP, l’avocate d’Eva Vocz regrette cette mise en examen « de façon la plus sévère« . « Eva Vocz et Laure Pépin interpellent Madame la ministre de la Culture, Rachida Dati, sur les violences sexuelles subies par nombre de femmes dans l’industrie artistique« , indique Me Dominique Beyreuther. « Ce geste pictural vient questionner les limites de la liberté de création des femmes. Il faut l’entendre comme un cri« .

« Avec tout le respect que nous portons aux mouvements féministes, nous sommes choqués de voir vandaliser des œuvres d’artistes, notamment d’artistes féministes, au cœur des combats de l’histoire de l’art« , avait déclaré lundi Chiara Parisi, directrice du musée.

« Un geste de réappropriation »

Une vidéo transmise lundi à l’AFP par l’artiste performeuse franco-luxembourgeoise Deborah de Robertis montre les deux femmes s’en prendre à deux tableaux dont celui de Courbet. On les voit ensuite scander « MeToo », bombes de peinture à la main, avant d’être entraînées vers la sortie par les agents de sécurité. Une troisième personne, qui n’a pas été interpellée, pourrait être à l’origine du vol d’une oeuvre d’Annette Messager, une broderie baptisée « Je pense donc je suce » (1991).

Deborah de Robertis revendique un « geste de réappropriation » de cette oeuvre issue de la collection personnelle d’un critique d’art également commissaire de l’exposition intitulée « Lacan, quand l’art rencontre la psychanalyse ». « Je l’ai reconnue tout de suite, j’ai eu envie de vomir, car c’est celle qui est accrochée au-dessus de son lit conjugal. Je me suis souvenue des nombreuses fellations qu’il s’est permis de me demander comme si c’était son dû« , indique la Franco-luxembourgeoise.

Hasard ou pas, une photo de Deborah de Robertis, baptisée « Miroir de l’Origine du monde », est exposée à proximité du tableau de Courbet. On voit l’artiste poser, le sexe nu, sous l’œuvre de Courbet, le 29 mai 2014 au musée d’Orsay. Condamnée à une amende pour s’être dénudée devant la grotte de Lourdes en 2018, Deborah de Robertis a été relaxée après d’autres actions similaires, notamment en 2017 pour avoir montré son sexe au musée du Louvre devant « La Joconde ».


Jérôme VERMELIN

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