Des visiteurs devant « L’Origine du monde », de Gustave Courbet, le 22 décembre 2023, au Centre Pompidou-Metz.

Deux femmes ont été mises en examen, mardi 7 mai, après les tags commis sur cinq œuvres exposée au Centre Pompidou-Metz, dont L’Origine du monde, célèbre nu de Gustave Courbet (1819-1877), a appris l’Agence France-Presse (AFP) auprès du parquet.

Les deux femmes, nées en 1986 et 1993, « ont été mises en examen notamment pour dégradation en réunion d’un bien culturel et vol en réunion d’un bien culturel », a précisé à l’AFP le procureur de la République à Metz, Yves Badorc. « Elles sont toutes les deux placées sous contrôle judiciaire avec interdiction du département de la Moselle et interdiction de contact » entre elles, a ajouté M. Badorc.

Par ailleurs, une des œuvres « pourrait avoir été atteinte dans son intégrité, parce qu’elles n’étaient pas toutes protégées, mais ce n’est pas L’Origine du monde, qui était protégée par une vitre », a-t-il dit, ajoutant : « Ca sera à vérifier dans le cadre de l’information judiciaire. »

« Miroir de l’Origine du monde »

Une vidéo transmise lundi à l’AFP par l’artiste performeuse franco-luxembourgeoise Deborah De Robertis montre une femme taguant à la peinture rouge le célèbre tableau de Courbet et une autre un tableau. On les voit ensuite scander « MeToo », bombes de peinture à la main, avant d’être entraînées vers la sortie par les agents de sécurité. Une troisième personne, qui n’a pas été interpellée, pourrait, selon M. Badorc, être à l’origine du vol d’une œuvre d’Annette Messager, une broderie rouge sur tissu baptisée Je pense donc je suce (1991).

Deborah De Robertis a revendiqué auprès de l’AFP un « geste de réappropriation » de l’œuvre volée, issue de la collection personnelle d’un critique d’art également commissaire de l’exposition « Lacan, quand l’art rencontre la psychanalyse », actuellement visible au Centre Pompidou-Metz. « Je l’ai reconnue tout de suite, j’ai eu envie de vomir, car c’est celle qui est accrochée au-dessus de son lit conjugal. Je me suis souvenue des nombreuses fellations qu’il s’est permis de me demander comme si c’était son dû », a dit Deborah De Robertis.

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Une photo de Deborah De Robertis, baptisée Miroir de l’Origine du monde, est par ailleurs exposée à proximité de L’Origine du monde pour l’exposition du Centre Pompidou-Metz dédiée à Jacques Lacan. On voit l’artiste poser, le sexe nu, sous l’œuvre de Courbet. La performance avait été illégalement réalisée le 29 mai 2014 au Musée d’Orsay.

Condamnée à une amende pour s’être dénudée devant la grotte de Lourdes en 2018, Deborah De Robertis a été relaxée après d’autres actions similaires, notamment en 2017 pour avoir montré son sexe au musée du Louvre devant La Joconde.

L’Origine du monde compte parmi les plus célèbres tableaux de l’histoire de la peinture du XIXe siècle. Il n’a longtemps été connu que des historiens d’art et des connaisseurs, mais après la mort de Jacques Lacan, en 1981, ses héritiers l’ont légué par dation à l’Etat et, en 1995, la toile a rejoint les collections du Musée d’Orsay.

L’œuvre avait été réalisé en 1866 pour Khalil Bey, diplomate turco-égyptien et collectionneur de peintures érotiques (dont Le Bain turc, de Jean-Auguste-Dominique Ingres), avant de changer plusieurs fois de propriétaires. Son modèle, resté anonyme pendant plus de cent cinquante ans, est la danseuse Constance Quéniaux, selon une découverte faite en 2018.

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Le Monde avec AFP

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