Image d’un ours captée en 2020 près de Melles (Haute-Garonne) par une caméra automatique de l’association Pays de l’ours.

La grande famille des plantigrades se porte plutôt bien dans les Pyrénées ­françaises. Selon le rapport de l’Office français de la ­biodiversité (OFB) publié le 2 avril, on dénombre au minimum 83 individus, dont 16 oursons nés à l’­hiver 2022-2023. Cette estimation repose sur les données récoltées par l’équipe du réseau Ours brun, composée de 450 membres (agents de l’État, naturalistes, ­éleveurs, bénévoles d’associations…) : excréments, poils, empreintes, photos et vidéos captées par environ quatre-vingts appareils automatiques fixes installés sur les chemins de six départements. Pour Julien Steinmetz, agent de l’OFB chargé du suivi de l’ours, « les résultats sont à nouveau bons, avec une progression de 10 % de la population par an depuis 1996 ».

En tout, ce sont 1 731 « indices » de présence qui ont été recueillis, sur une aire de 7 100 kilomètres carrés, dont 349 attaques constatées sur des troupeaux de brebis. Depuis 1996 et les premières réintroductions d’ours en provenance de Slovénie, le nombre d’ours a été multiplié par huit, alors qu’ils avaient quasiment disparu dans les années 1990. L’ours brun est devenu une espèce protégée en 1992, dans le cadre de la directive européenne Habitats – faune – flore, qui contraint l’Etat français d’œuvrer à sa conservation.

Sur les 83 individus dénombrés en 2023, ont été identifiés « 37 femelles et 40 mâles. Les 16 ­oursons étaient issus de 11 portées », a précisé Julien Steinmetz. L’agent de l’OFB souligne aussi que jamais le nombre de femelles différentes « suitées », c’est-à-dire accompagnées de leurs petits, preuves ADN à l’appui, n’a été aussi important que cette année.

« Serial-lover » des cimes

Si, dans la chaîne pyrénéenne, on se félicite de la bonne santé de l’ours brun européen (Ursus arctos arctos), certaines voix s’alarment d’un danger qui le guetterait : la consanguinité. À commencer par l’association Pays de l’ours-Adet, qui regroupe amoureux et spécialistes de l’animal. « Le nouveau rapport de l’OFB occulte ce qui devient la question essentielle pour l’avenir de l’ours dans les Pyrénées : la consanguinité croissante, affirme son directeur Alain Reynes. Tous les oursons nés en 2023 sont concernés, comme la quasi-totalité des ours présents. Certains sont les produits de parents et de grands-parents déjà eux-mêmes consanguins. La diversité génétique se dégrade, la bombe génétique est amorcée ! » Si l’OFB reconnaît que le risque existe, il assure ne pas constater « actuellement d’incidence sur des maladies ou des mortalités précoces. »

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